Trappes: le mari de la femme au niqab condamné, enquête contre un policier

Michael Khiri, le mari de la femme portant le niqab a écopé de trois mois de prison avec sursis et 1.000 euros d'amende pour violences, outrages et rébellion à l'encontre de policiers. - -
L'affaire du voile intégral de Trappes a connu un nouveau rebondissement vendredi: alors que le mari de la femme au niqab a été condamné à 3 mois de prison avec sursis, le Parquet a annoncé dans la foulée une information judiciaire contre un policier pour "incitation à la haine raciale".
Venu au prononcé du jugement vêtu d'un gros gilet rayé sur une djellaba, Michaël Khiri, 21 ans, a écopé de trois mois de prison avec sursis et 1.000 euros d'amende pour violences, outrages et rébellion à l'encontre de policiers, une peine conforme aux réquisitions du procureur Vincent Lesclous. Le 20 septembre, ce dernier avait estimé la réaction du mari "injustifiée" face à une loi qui n'est "pas discutable", celle qui interdit depuis 2011 le port du voile intégral dans l'espace public. "La déclaration de culpabilité est un rappel ferme par le tribunal qu'en France, c'est la loi de la République qui s'applique", a réagi l'avocat des policiers, Me Thibault de Montbrial.
Le mari fait appel
Lors de son procès au tribunal correctionnel de Versailles, le jeune homme, converti à l'islam depuis ses 16 ans, avait jugé le contrôle d'identité de sa femme portant un niqab "illégitime", en plein ramadan, un soir alors qu'il rentrait avec celle-ci, leur bébé et sa belle-mère pour rompre le jeûne chez cette dernière. Son avocat Wenceslas Ference a annoncé qu'il ferait appel, tandis que Michaël Khiri est resté muet face aux questions des journalistes.
"Les femmes blanches sont les plus belles"
Dans la foulée, une autre décision est tombée: le Parquet de Versailles ouvre une information judiciaire contre un policier pour "incitation à la haine et à la discrimination raciale". Ce gardien de la paix est un des trois ayant participé au contrôle d'identité mouvementé de la femme au niqab, qui avait provoqué trois nuits de heurts dans cette banlieue pourtant réputée apaisée ces dernières années. Il est soupçonné d'avoir partagé sur son compte personnel Facebook, fermé depuis, une photo du groupe "Les femmes blanches sont les plus belles". Sur cette photo reprenant le logo de la municipalité de Trappes et proclamant "la douceur de vivre", une femme portant le niqab était représentée sous un ciel éclatant devant une mosquée. Il avait été placé en garde à vue en septembre à l'IGPN, ainsi qu'un autre policier, qui lui n'est pas poursuivi. "C'est une infraction complexe", a simplement commenté le procureur, en souhaitant que le policier "puisse s'expliquer (...) en étant défendu".
"Une manière de ménager tout le monde"
"J'ignore ce qui est précisément reproché à mon client", a réagi l'avocat des policiers, joint par l'AFP. "S'il s'agit de la reproduction d'une (image) d'une femme voilée, je constate simplement qu'il s'agit de la reproduction de la photo d'un délit. J'attendrai d'avoir accès au dossier pour plus de commentaires", a-t-il poursuivi.
"La défense a demandé la réouverture des débats en raison de faits nouveaux révélés par une enquête IGPN (...) qui contribueront à la manifestation de la vérité", a déclaré après le délibéré Me Ference, l'avocat du mari.
Le procureur assure lui que les deux affaires sont "indépendantes". "Aucun propos excessif n'a été reproché à ce policier lors du contrôle d'identité (...) Il était certes énervé après le contrôle, mais il n'a pas eu d'attitudes insultantes ou discriminatoires" à l'égard du couple, a-t-il affirmé à l'AFP. Mais une source proche de l'affaire juge au contraire que l'annonce "brouille le message du délibéré". "C'est un choix mesuré d'apaisement devant l'inquiétude des autorités sur le développement du salafisme à Trappes, une manière de ménager tout le monde".