Témoignage du SS allemand: "je suis assez déçu", confie un rescapé d'Oradour-sur-Glane

A gauche, Werner C., ancien Waffen-SS inculpé pour le massacre d'Oradour-sur-Glane, et à droite, Robert Hebras, rescapé du massacre - -
Un témoignage rare. Celui de Werner C., 88 ans, ancien Waffen-SS inculpé pour le massacre d'Oradour-sur-Glane. Des décennies après le drame, l'homme s'est expliqué pour la première fois dans un document exclusif BFMTV, faisant preuve de remords.
Qu'en pensent les survivants ou encore les familles des victimes? Interrogés sur la question, Robert Hebras, rescapé du massacre, ainsi que Claude Milord, président de l’association des familles de victimes d'Oradour-sur-Glane, ont réagi aux regrets de l'ancien nazi ce lundi matin sur BFMTV.
"Il n'a même pas un mot d'excuse"
Robert Hebras, survivant du massacre d'Oradour-sur-Glane dans lequel il a perdu sa mère, ses deux soeurs et ses amis le 10 juin 1944, confie avoir été "déçu" du témoignage de Werner C.. Selon lui, ce dernier ne dit pas la vérité.
"Je suis assez déçu de ce témoignage. C’est encore un témoignage où la personne en question n’a rien fait. Il ne sait pas comment les 642 victimes sont mortes à Oradour. Il n’a même pas un mot d’excuse. C’est lui qui a souffert le plus", s’insurge le rescapé.
"Je ne souhaite pas spécialement qu’il soit condamné. Ce que je souhaite c’est qu’il dise la vérité", poursuit-il, "le sujet est de savoir à Oradour qui a fait quoi. Je suis prêt au dialogue mais pas à lui serrer la main".
"Cela change des discours que l'on a entendus"
Pour le président de l’association des familles de victimes d'Oradour-sur-Glane, Claude Milord, ce témoignage apporte du réconfort.
"C’est le témoignage d’un vieux monsieur plein de remords et de compassion", estime Claude Milord, admettant que "c'est réconfortant pour les familles des martyrs".
"Cela change des discours que l’on avait entendus, notamment lors du procès de Barth à Berlin (Heinz Barth, l'un des principaux exécutants du massacre d'Oradour-sur-Glane, ndlr) où il n’avait eu aucun remord, aucun mot de sympathie pour les victimes", explique-t-il en parrallèle, "le seul regret qu’il a eu, c’est qu’il y ait eu des survivants, ce qui voulait dire qu’il avait mal fait son travail".
"Les victimes sont les 206 enfants massacrés"
"Ici, on s’aperçoit que c’est un vieil homme qui a besoin de soulager sa conscience. Mais la justice doit déterminer de sa culpabilité", insiste cependant Milord.
Un soulagement aussi pour les victimes? "Oui, car c’est la première fois que l’on entend quelqu’un qui aurait participé au massacre et en décrire toute l’horreur", souligne-t-il.
Et de rappeller qui sont les vraies victimes. "Il ne faut pas se tromper de cible, les victimes sont les 206 enfants massacrés".