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"Taxe halal", arabe à l'école, comment organiser l'islam de France?

Hakim El Karoui, auteur du rapport "La fabrique de l'islamisme", sur le plateau de BFMTV ce lundi 10 septembre

Hakim El Karoui, auteur du rapport "La fabrique de l'islamisme", sur le plateau de BFMTV ce lundi 10 septembre - BFMTV

Dans un nouveau rapport, l'Institut Montaigne a présenté dimanche ses propositions pour lutter contre la progression de "l'idéologie islamiste". Ce document préconise notamment la mise en place d'une "taxe halal" et le renforcement de l'apprentissage de l'arabe à l'école.

Dans son rapport pour l'institut Montaigne "La fabrique de l’islamisme", le chercheur Hakim El Karoui constate une progression de "l'idéologie islamiste", notamment véhiculée sur les réseaux sociaux, qui contribue à la mise en place de "comportements communautaristes" chez certains musulmans français.

Le risque d'une "société alternative"

"Les musulmans, surtout les jeunes, apprennent la religion de plus en plus par les réseaux sociaux, de moins en moins par la famille, et aujourd'hui en fait très peu par les mosquées. Et ce qu'on voit sur les réseaux sociaux, c'est à la fois au niveau mondial l'influence extraordinaire des oulémas saoudiens", a expliqué l'auteur ce lundi matin sur BFMTV.

La conséquence serait, selon Hakim El Karoui, la "création d'une société alternative, à côté, séparé, avec un concept clé, qui est le halal (licite)". En somme, une "minorité de musulmans de France" perçoit aujourd'hui la société française comme "illicite", et veulent donc "créer à côté une société différente, avec des règles, avec des normes, avec des comportements."

Face à ce phénomène, il pointe la "faiblesse" des imams de France qui n'ont pas la force qu'ont les influenceurs salafistes. "La force des salafistes, c'est quoi? C'est que ce sont aujourd'hui des jeunes Français qui parlent à des jeunes Français des sujets des jeunes Français", a-t-il encore insisté ce lundi sur notre antenne. 

Quelles réponses?

Mais comment répondre à cette tendance? Pour Hakim El Karoui, dont le rapport va être adressé au président de la République et à tous les partis politiques, ce n'est pas à l'Etat d'être en première ligne: 

"Ce n'est pas l'Etat qui va réagir, l'Etat peut aider. On est dans un régime laïc, séparation de l'Eglise et de l'Etat, et on est sur un problème idéologique. Et la cible, c'est qui? Ce sont d'abord les musulmans. Donc qui doit réagir? Les musulmans. Les musulmans intégrés, les musulmans silencieux, qui jusqu'alors on dit mais 'nous, nous sommes dans une trajectoire républicaine, nous nous ne voulons pas faire de notre religion un étendard'. Moi, ce que je leur dis, c'est qu'il y a urgence et d'abord pour eux." 

L'auteur présente donc comme mesure phare la mise en place d'une Association musulmane pour l'islam de France:

"L'idée, c'est de créer une organisation neutre, indépendante des pays d'origine, indépendante de ceux qui tiennent aujourd'hui les mosquées, pour prélever une toute petite somme d'argent sur chaque acte de consommation et réinvestir cette somme d'argent dans le travail théologique, parce que c'est la mère de toutes les batailles", développe-t-il. 

"Taxe halal"

Cette organisation pourrait notamment gérer une "taxe halal", idée maintes fois évoquée depuis les années 90 pour financer l'islam de France. "Il n'y a pas de taxe halal au sens où il y aurait un impôt prélevé par l'Etat", a expliqué l'ancien banquier. Le prélèvement serait géré par l'association et s'inspirerait de la "taxe de cacherout" de la communauté juive, gérée par les rabbinats et qui permet de certifier les produits "casher".

L'association pourrait alors investir dans la formation des cadres religieux et la construction de certaines mosquées. 

L'arabe à l'école?

Hakim El Karoui met également l'accent sur l'apprentissage de l'arabe à l'école publique:

"Tout cela c'est une bataille de la connaissance. Certains islamistes disent 'nous savons, vous ne savez pas'. Connaître la langue arabe, c'est avoir accès aux textes et donc c'est se passer d'un intermédiaire qui est l'islamiste. Il y a deux fois moins d'élèves qui apprennent l'arabe aujourd'hui qu'il y a vingt ans aujourd'hui, à l'école de la République. Il y a en dix fois plus qui apprennent dans les mosquées. C'est juste une manière de couper ce produit d'appel qui est devenu l'arabe dans les mosquées."

Ce rapport est publié alors que sont organisées jusqu' à mi-septembre des "assises territoriales de l'islam de France" dans chaque département, sous l'égide des préfets, pour faire émerger des propositions inédites.

À l'issue de cette concertation, "dès l'automne", l'exécutif donnera "à l'islam un cadre et des règles garantissant qu'il s'exercera partout de manière conforme aux lois de la République", avait déclaré début juillet Emmanuel Macron devant le Congrès réuni à Versailles.

M.P avec AFP