Survols de centrales par des drones: le rapport alarmant d'un expert

La centrale de Fessenheim, en Alsace fait partie, des sites nucléaires déjà survolés par un drone. - AFP
Des défenses "obsolètes" face aux nouvelles technologies. Dans un rapport commandé par Greenpeace, un expert britannique conclut à la vulnérabilité de la sécurité des centrales nucléaires en France. Les observations réalisées par John Large ne seront pas rendues publiques en raison de leur caractère sensible.
Loin d'être un énième rapport de l'ONG écologiste pour pointer la dangerosité de ces sites, cette étude a été commandée à la suite des survols par des drones de plusieurs installations nucléaires françaises ces dernières semaines. Depuis le début du mois d'octobre, au moins dix-neufs vols suspects ont été recensés aux abords ou au-dessus de seize centrales différentes, sans que le ou les auteurs ne soient à ce jour identifiés.
"Technologies dépassées"
Après la remise lundi du rapport aux parlementaires français, l'expert britannique a été auditionné par les députés. Après avoir testé quatre scénarios d'attaque avec des drones, sa conclusion est à chaque fois la même: "Si ces scénarios s'étaient déroulés dans la réalité, il y aurait eu un risque de rejet radioactif majeur", alerte John Large.
Pour lui, les drones seraient en capacité de dépasser les défenses "obsolètes" des centrales nucléaires en France. "Elles sont été pensées et construites pour faire face à des technologies aujourd'hui dépassées", poursuit-il, ajoutant que ces conclusions "devraient être une source de préoccupation majeure pour nous tous".
Ni minimiser, ni dramatiser le survol des centrales
Rapidement, les premières réactions se sont fait entendre sur ce sujet ultra-sensible de la sécurité des centrales nucléaires. "Est-ce que nous sommes face à un scénario terroriste avec ces survols de centrales?", questionne Jean-Yves Le Déaut, président de l'office parlementaire, y répondant par la négative. Pour minimiser l'impact de ce rapport, le député PS juge que le rapport démontre simplement qu'il faut "de l'eau et de l'électricité pour qu'une centrale tourne, et qu'il y a des périphériques qui sont à côté de ces centrales et que si ces périphériques sont endommagés et bien cela donne Fukushima".
Fukushima, une catastrophe que Pierre-Franck Chevet, le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), connaît bien. Après l'accident au Japon, l'ASN avait rendu des conclusions sur les améliorations de sûreté à apporter aux centrales nucléaires, sur lesquelles John Large se serait "largement appuyées". Les drones représentent "une menace qu'il ne faut pas dramatiser mais qu'il ne faut pas non plus minimiser", explique le président de l'ASN, ajoutant qu'il avait proposé à l'expert britannique "une réunion pour aller dans le détail".
En 2012, l'application des mesures préconisées par l'Autorité de sûreté nucléaire pour améliorer la sécurité des sites avait été chiffrée à 10 milliards d'euros par EDF. Ce rapport mettait en avant la nécessité de l'installation d'un groupe électrogène et d'une alimentation en eau d'ultime secours, des locaux et des moyens matériels de gestion de crise, des moyens de communication et d’alerte, une instrumentation technique et environnementale, et des moyens de dosimétrie opérationnelle des travailleurs.