SDF : comment vivre avec des températures négatives ?

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Ce vendredi sera la journée la plus froide de la semaine. Il fera jusqu'à -12 à Lille, -4 à Paris et -3 à Bordeaux. Par ce froid polaire, la vie des sans domicile fixe se complique fortement. Il est de plus en plus difficile pour eux de supporter ces températures. Face aux centaines de milliers des SDF que compte le territoire, selon la fondation Abbé Pierre, les hébergements d'urgence affichent complet et nombreux sont ceux qui sont contraints de passer la nuit dehors.
Pour faire face à ces difficultés, certains se mobilisent à l’image de cet ancien SDF qui a décidé de venir en aide aux sans-abris en créant sur son terrain un « village de SDF » qui a vu le jour l'année dernière, à Villebéon, dans l'Yonne. Il est situé dans un bois à l'extérieur de la commune. Une douzaine de sans-abris vivent là-bas dans des caravanes qui viennent de dons, tout comme la nourriture et les vêtements, l'association refusant absolument tout type de subventions.
« Un SDF qui a un toit, ce n’est plus un SDF »
Bruno habite ici depuis le mois de décembre dernier. « Quand j’étais dans la rue, explique-t-il au micro de RMC, le seul truc qui me protégeait du froid, c’était mon duvet et mon chien. Maintenant, c’est une caravane, un poêle à bois, un repas chaud matin, midi et soir ». Le camp de Villebéon compte 25 caravanes, mais 12 seulement sont occupées pendant l'hiver, ce sont les seules avec du chauffage. Equipées de poêles à bois, chaque jour, il faut couper du bois pour se chauffer et préparer la soupe. Patrick est arrivé dans le village il y a 8 mois. Et la caravane dans laquelle il s’est installé, c’est un peu devenu chez lui. « Un SDF, du moment qu’il a chaud, qu’il a un toit sur la tête, et à manger, ce n’est plus un SDF. Pour moi, ma caravane, c’est chez moi ».
Cela fait un an que Brann de Sernon, ancien SDF a créé ce village sur son propre terrain. « Ça permet d’accueillir des gens, une dizaine par-ci, une vingtaine par-là, c’est toujours ça, explique-t-il avec humilité. Ça leur permettra de ne pas mourir dans le froid ». Selon Brann de Sernon une dizaine de village comme celui-ci devrait voir le jour en 2013.
« Ce village, c’est une roue de secours »
« A moins 5 dehors, j’aurai pu mourir de froid, explique ainsi Bruno, SDF pendant plusieurs années. A 34 ans, il habite dans le camp depuis le mois de décembre. Maintenant, avec ce village, c’est une roue de secours pour sauver la vie de personnes comme moi. Et heureusement que ça existe parce que sinon on serait mal barré. Tous les soucis que j’avais, je les mets un peu de côté. On te donne une chance, à toi de la saisir et comme je dis : "quand on te tend la perche, tu la prends sinon tu te noies". Moi je l’ai pris et c’est excellent ».