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Scandale chez Joël Robuchon: le chef porte plainte pour diffamation

Le très médiatique chef Joël Robuchon, le 6 décembre 2014, dans la cuisine de son restaurant "La Grande maison", à Bordeaux.

Le très médiatique chef Joël Robuchon, le 6 décembre 2014, dans la cuisine de son restaurant "La Grande maison", à Bordeaux. - AFP

Le chef a décidé de porter plainte pour "diffamation" contre FTVi, le site internet de France Télévisions, après la parution d"une enquête sur les conditions de travail dans les cuisines de l'un de ses restaurants, la Grande Maison à Bordeaux. Un ex-commis de cuisine confiait notamment avoir été victime de "harcèlement moral".

Le célèbre cuisinier français Joël Robuchon, le plus étoilé au monde avec 28 étoiles au prestigieux Guide gastronomique Michelin, a riposté lundi par une plainte en diffamation à une plainte pour "harcèlement" d'un ex-commis de son restaurant La Grande Maison à Bordeaux.

Dans un article du 6 février sur FTVi, un commis gardant l'anonymat et un autre, Franck Yoke, affirment avoir été l'objet de "harcèlement", "brimades", "insultes" ("chien", "vous êtes de la merde", "connard") et avoir été "obligés à avaler de l'eau salée".

Plainte pour harcèlement

Franck Yoke a porté plainte le 6 février au commissariat de police de Biarritz, dans les Pyrénées-Atlantique), une plainte devant être transmise au Parquet de Bayonne, lequel la transférera ensuite au Parquet de Bordeaux, lieu de l'infraction supposée, qui aura alors à décider de la suite à y donner. Le Parquet de Bordeaux a indiqué que cette plainte ne lui était pas encore parvenue lundi matin.

Joël Robuchon, qui a ouvert La Grande Maison le 9 décembre 2014 avec l'homme d'affaires, propriétaire de vignobles et mécène Bernard Magrez, déclare avoir "pris connaissance avec consternation" de l'article de FTVi, relayé par d'autres médias "reprenant ces allégations mensongères".

"Un commis de cuisine" présent deux jours

Joël Robuchon précise que l'auteur de la plainte pour "harcèlement" est "un commis de cuisine qui n'a été présent dans l'établissement que les 1er et 2 janvier 2015 et que, n'étant pas présent dans le restaurant à ces dates, il n'a jamais rencontré cette personne". L'ex-commis met surtout en cause le chef japonais Tomonori Danzaki, fidèle collaborateur de Joël Robuchon avec lequel il a obtenu trois étoiles à Las Vegas et Tokyo, et qui dirige la brigade de La Grande Maison à Bordeaux.

Pour Joël Robuchon, "en dépit de la désignation expresse d'une 'cible' autre que lui en la personne de son chef exécutif, collaborateur de très longue date, reconnu dans le monde entier", les allégations du commis diffusées par FranceTVinfo "portent très gravement et injustement atteinte à sa réputation". Par conséquent, "Joël Robuchon saisit la justice de ces allégations diffamatoires dont il demande la sanction et la réparation, à la mesure de l'atteinte portée à sa réputation", souligne le communiqué.

Robuchon dénonce un article à charge

En réponse aux accusations de "harcèlement", Joël Robuchon assure que ses "équipes constituées dans les divers établissements qui portent son nom se caractérisent par une fidélité unique au monde et une harmonie dans l'exécution qui rendent peu crédibles le dossier à charge monté à Bordeaux". De plus, Joël Robuchon souligne que sa formation de compagnon ("Poitevin-la-Fidélité") et son "engagement constant pour la transmission du savoir culinaire à la jeunesse sont aux antipodes des comportements évoqués".

Le chef étoilé s'interroge enfin "sur les intentions" de l'auteur du reportage de FranceTVinfo, qui indique "que l'établissement qui porte son nom 'n'a pas obtenu d'étoile au Guide Michelin 2015' alors qu'en raison de sa date d'ouverture, il ne figure pas dans le guide 2015 qui était déjà bouclé fin novembre 2014". Pour Joël Robuchon, il s'agit "au mieux d'une méconnaissance du sujet et hélas, au pire, d'une intention de nuire".

Dans le débat récurrent sur les brimades morales ou physiques dans les cuisines, cinq chefs, Meilleurs ouvriers de France (MOF), dont Gérard Cagna et le chef des cuisines de l'Elysée, Guillaume Gomez, avaient rendu public en novembre 2014 un manifeste appelant à la fin du "bizutage".

C. P. avec AFP