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Société

Saumur: le projet de "Levrette Café" dans une ancienne chapelle ne verra pas le jour

La Chapelle Saint-Jean de Saumur

La Chapelle Saint-Jean de Saumur - Google Street View

La connotation sexuelle ainsi que la nature même du projet a provoqué une levée de boucliers du côté de l'opposition conservatrice.

Inscrite aux monuments historiques depuis 1862, la chapelle Saint-Jean de Saumur, construite au XIIIe siècle en plein centre de la sous-préfecture du Maine-et-Loire, cherche une nouvelle vie. A la fin de l'été, la municipalité avait annoncé son intention de céder temporairement le lieu, et c'est finalement le 7 septembre passé, au terme d'un conseil municipal, que l'arrivée d'un exploitant, une entreprise du nom LC, est annoncé.

Derrière ces deux lettres se cache en fait la société "Levrette Café", spécialisée dans les bars à bières (dont une marque porte le même nom), qui comptait bien élargir sa franchise en s'implantant dans cet ancien lieu de culte, aujourd'hui désacralisé. Une connotation sexuelle qui n'a que très peu plu à de nombreux opposants au projet dont Alexandre Rivet, porte-parole du collectif Anjou patrimoine, interrogé par le site Actu.fr:

"Le nom 'Levrette café' est un problème et le bar de nuit est un problème. On souhaite qu’il renonce à ce projet. Il ne peut pas balayer l’histoire de ce lieu, qui a certes été désacralisé. Les maires, en général, doivent défendre les monuments historiques" a-t-il expliqué. 

Sous sa houlette, une pétition qui a recueilli 2.500 signatures a été lancée. Elle dénonce une "communication provocatrice – et dégradante pour les femmes – dans un lieu dédié à l’exercice de la foi durant des siècles."

Un lieu pas adapté?

Pour Charles-Henri Jamin, conseiller municipal et membre du parti chrétien-démocrate, ces bâtiments ne "ne sont pas conformes à cet usage tant par sa singularité originelle que par son classement aux monuments historiques." Il est rejoint dans sa réflexion par Alexandre Rivet: "Dans une ancienne église, qui possède des vitraux remarquables, ce n’est pas possible. Le lieu va être souillé."

"Le bail proposé et plus particulièrement le niveau de loyer démarrant à 500 euros par mois, ressemble à un camouflet infligé aux commerçants du centre-ville qui ne sont pas du tout dans le même univers de marché locatif" poursuit Jamin.

Afin d'attirer de potentiels locataires, la municipalité de Saumur avait en effet proposé, dans le cadre d'un bail emphytéotique de 25 ans, un loyer attractif pour les premières années, mais en échange de 350.000 euros de travaux sur cette même période.

Projet finalement abandonné

De guerre lasse, Guillaume Michaud, gérant de la société LC, a finalement décidé devant la forte contestation d'une partie de la population locale, d'abandonner le projet. 

"Il n’y a plus de projet 'Levrette Café' à Saumur. On va passer à autre chose, nous avons d’autres idées de développement" a-t-il précisé, toujours à Actu.fr

Un dénouement qui désole Jackie Goulet, maire Divers gauche de la ville, qui estime que l'implantation de ce bar aurait pu favoriser "la création d’une dizaine d’emplois à Saumur." 

"La ville est sincèrement prête à entendre d’autres propositions et à les étudier, à condition qu’elles soient positives pour la collectivité, qu’elles permettent la sauvegarde du patrimoine" a-t-il poursuivi, invitant directement ses détracteurs, dont Alexandre Rivet, a proposer un projet stable économiquement et durable à la commune. 

A l'heure actuelle, le futur de la chapelle Saint-Jean de Saumur semble au point mort.