Saint-Denis : la municipalité veut prolonger le couvre-feu

La ville de Saint-Denis souhaite prolonger de trois mois l’arrêté qui interdit à certains commerces d’ouvrir après 20h. Transformés en débits illégaux de boisson, certains d’entre eux attiraient trafics et délinquance.

Les commerçants de Saint-Denis devraient continuer à baisser leur rideau dès 20 heures dans les mois à venir. La municipalité souhaite en effet prolonger de trois mois le couvre-feu mis en place dans la ville de Seine-Saint-Denis depuis le 27 juillet. Epiceries, salons de coiffure et taxiphones, 70 commerces du quartier de la Gare sont obligés de baisser le rideau à partir de 20 heures, certains ayant l'habitude de se transformer en débits de boissons illégaux la nuit. La situation créait de l'insécurité et attirait les trafiquants de drogue et autres délinquants, selon la municipalité.
Certains commerçants sont furieux. Obligés de fermer à 20 heures, à l'heure où ils ont encore de nombreux clients, mais les riverains sont satisfaits du retour du calme dans leur quartier.

« Ça a ramené la paix »

Stéphane Peu est l'adjoint au maire PC de Saint-Denis, en charge du quartier Gare concerné par l'arrêté. « Les gens sont contents de cette décision, ça a ramené la paix, donc je pense qu’on va la poursuivre », affirme l’élu, qui imagine que le couvre-feu pourrait être maintenu bien plus que trois mois. « Les commerçants qui ont une activité normale en sont contents puisqu’ils ont plutôt intérêt à avoir un espace public paisible, s’ils veulent avoir des clients. Donc l’immense majorité des commerçants est satisfaite, les riverains, le sont, je ne vois pas pourquoi on interromprait une affaire qui marche. Ce sont des arrêtés de trois mois, donc si on le prolonge, ce sera pour trois mois, ensuite, on verra ».

« Montrer qu'on ne peut pas tout laisser faire »

Et du côté des riverains, aussi, la mesure plait. Rachel, 38 ans, qui habite depuis 4 ans dans le quartier de la Gare à Saint-Denis, avait souvent à se plaindre des « bandes qui trainent, qui font du tapage nocturne, qui dealent, etc ». Le couvre-feu lui permet de sortir plus sereinement. « Depuis le couvre-feu, les groupes qui trainaient et intimidaient les gens en centre-ville ne sont plus là. Moi, je suis très contente de voir les CRS dans la rue, ça me rassure, il faut montrer qu’on ne peut pas laisser faire. On entend beaucoup "C’est Saint-Denis, tout est permis", mais ce n’est pas vrai, tout n’est pas permis, c’est comme n’importe quelle ville ».

M. Chaillot avec Benjamin Smadja