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Société

Restos du Cœur : la 28e campagne d’hiver accueille les "victimes de la crise"

L'an dernier, 115 millions de repas ont été servis à 870 000 personnes.

L'an dernier, 115 millions de repas ont été servis à 870 000 personnes. - -

Pour leur 28e campagne hivernale, les Restos du cœur craignent d’accueillir de plus en plus de "victimes de la crise" : jeunes, retraités, familles… Reportage dans un centre d’accueil près de Lille, où Gwendoline, 25 ans, franchit pour la 1ère fois la porte de l’association, avec sa fille de 2 ans.

Les Restos du Cœur lancent leur 28e campagne hivernale ce lundi. Cet hiver encore, l’association vient en aide aux plus démunis. Les distributions de denrées alimentaires reprennent ce lundi partout en France. L'an dernier, 115 millions de repas ont été servis à 870 000 personnes. Un chiffre en constante augmentation. Cette année, les bénéficiaires devraient être encore plus nombreux à franchir les portes des 2 040 centres d’accueil de l’hexagone, qui seront ouverts jusqu’à fin mars.

« Quand il faut priver les enfants, ça touche le cœur »

Ils viennent pour la première fois. Les Restos les appellent les "victimes de la crise". A Marcq-en-Barœul, près de Lille, Gwendoline, 25 ans, franchit pour la première fois la porte des Restos du cœur, avec sa fille de 2 ans et demi. Jusqu’ici, ses missions d’intérim la faisaient vivre, mais depuis plusieurs mois, plus de travail. Ses revenus ? « 548 euros par mois ; du coup, j’arrive plus à m’en sortir pour le moment. On rogne sur beaucoup ». Alors, pendant ces 4 mois de campagne hivernale, elle compte beaucoup sur les Restos du cœur : « Pour pouvoir être sûre de donner à manger, des choses équilibrées : de la viande, des légumes, du lait… Des choses toutes simples, qui coûtent les yeux de la tête en magasin. C’est très compliqué, parce que nous on se prive mais on est grands ; quand il faut priver les enfants, ça touche directement le cœur ».
Mais la crise touche également les associations elles-mêmes. Impossible d’accueillir tout le monde. A quelques euros près, le dossier d’Evelyne a été refusé : « Je touche en tout 658 euros, je passe au-dessus du barème parce que j’ai pas le RSA [revenu de solidarité active, ndlr], mais l’invalidité. C’est très dur à encaisser ». Elle ne pourra venir qu’une seule fois par mois.

« Des gens en pleurs, honteux de venir aux Restos »

« Le moral en berne », Jean-Yves Vasseur, président des Restos du Cœur de la région lilloise, explique qui sont cette année les bénéficiaires de l’association : « Des jeunes dans la galère, qui n’ont pas 25 ans, des parents qui hélas, vu les difficultés, poussent les enfants vers la porte, des retraités, certains veufs, qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts, beaucoup de familles… On voit très souvent des gens en pleurs, honteux de venir aux Restos. Les gens nous disent : jamais j’aurais pensé avoir besoin des Restos du cœur pour pouvoir manger ».

Des aides de l’UE bientôt supprimées ?|||

Et l'inquiétude règne en ce début de campagne hivernale des Restos. En cause : les aides de l’Union Européenne (UE). Le Programme Européen d’Aide aux Plus Démunis (PEAD) est toujours dans le viseur de l’UE. Sept pays, dont l'Allemagne, ne souhaitent pas maintenir ce dispositif. Une catastrophe pour les associations comme les Restos du Cœur, pour qui cette aide représente 23% des repas et 15% des ressources. Le PEAD, qui coûte aujourd'hui 3,5 milliards d'euros à l'Europe, devait être discuté lors du sommet européen de jeudi et vendredi dernier. Aucun accord n’a été trouvé. Le sujet devrait être de nouveau abordé lors du prochain sommet début 2013.

La Rédaction, avec Lionel Top