Violences sexuelles dans l’Église au Chili: le pardon et l’échec du pape François

Le pape François célèbre une messe à Iquique au Chili, le 18 janvier 2018. - Vincenzo Pinto - AFP
La lutte contre la pédocriminalité dans l'Église restera le combat inabouti du pape François. Lorsque François a débuté son pontificat en 2013, l'Église chilienne est secouée par un scandale de violences sexuelles sur des enfants. Malgré son pardon, le clergé n'a jamais retrouvé son influence dans une société de plus en plus progressiste.
L'indignation des victimes incita le pape à demander "pardon" lors d'une visite en 2018. Ce n'était pas la première fois qu'il s'excusait pour des violences. Cependant son geste fut terni par un faux pas lors de son unique visite dans le pays.
Le chef du Vatican défendit un évêque accusé d'avoir protégé un prêtre, défroqué des années plus tôt pour pédophilie. Quelques mois plus tard, face aux preuves accumulées contre le prélat, il dut s'excuser et mettre en place une commission chargée d'enquêter sur le scandale.
Pas de remise en question profonde
La mission était dirigée par l'archevêque Charles Scicluna, qui a documenté dans un rapport les cas de violences sexuelles et de dissimulation, fondés sur les témoignages de centaines de victimes.
Parmi ces cas, celui du prêtre Fernando Karadima, qui abusa, entre autres, de trois adolescents qui fréquentaient sa paroisse d'El Bosque, à Santiago.
Aujourd'hui âgé de 49 ans, José Andrés Murillo, l'une des victimes, dit avoir pris acte du pardon papal tout en le jugeant insuffisant. Le pape François a omis "une remise en question profonde de la sexualité et de l'affectivité de ceux qui sont en charge de l'Église", dit-il à l'AFP.
En 2024, le Saint-Siège a demandé à l'organisation caritative Caritas Chili d'élaborer un plan pour prévenir de nouvelles agressions et déterminer si l'Église en tant qu'institution était responsable de quelque manière que ce soit des agressions commises sur des mineurs.
Malgré cela, l'Église a continué de perdre des fidèles dans le pays de quelque 20 millions d'habitants. Selon une enquête de 2024 menée par le Centre d'études publiques, 48% se déclarent catholiques, contre 70% en 2006.