Langage internet, applications: la stratégie du pape François pour parler aux jeunes

Le pape explique aux fidèles comment se connecter à clicktopray.org grâce à une tablette. - Vincenzo PINTO / AFP
C'est sans doute la phrase qui s'est diffusée le plus largement en marge des Journées mondiales de la Jeunesse, organisées cette année au Panama, et qui se sont achevées ce dimanche. Elle enrobe la Vierge Marie dans un imaginaire fait de vlogueurs et vlogueuses, et autres célébrités de YouTube ou d'Instagram.
Samedi soir, en effet, le pape François déclarait, comme l'a rapporté Le Figaro:
"Marie (…) la jeune de Nazareth ne sortait pas sur les 'réseaux sociaux' de l'époque, elle n'était pas une 'influenceuse', mais sans le demander ni le rechercher, elle est devenue la femme qui a le plus influencé l'histoire. Marie, l''influenceuse' de Dieu."
La vie n'est pas un "tutoriel"
Il ne s'agit pas là de la seule fois où le souverain pontife a puisé dans la culture internet pour se faire entendre de son jeune auditoire. Mais à l'évidence, le procédé ne tient ni de l'astuce, ni du clin d'œil. Au contraire, la forme modernisée, ou plutôt mise à jour comme le dirait peut-être François à présent, permet à ce dernier de raffermir le message évangélique auprès de juvéniles croyants. Ainsi, jeudi soir, après avoir mis en garde son public contre "l'Église cool', comme l'a noté à nouveau le correspondant du Figaro, le premier personnage du catholicisme a enchaîné:
"Cette vie n'est pas un salut suspendu 'dans les nuages' attendant d'être déversé, ni une 'application' nouvelle à découvrir, ni un exercice mental, fruit de techniques de dépassement de soi. Elle n'est pas non plus un 'tutoriel' avec lequel on apprendrait la dernière nouveauté. Le salut que le Seigneur nous offre est une invitation à faire partie d'une histoire d'amour qui se tisse avec nos histoires et il veut que nous aussi disions oui avec lui."
La loi des tablettes
La capacité du pape à maintenir le lien avec la jeunesse est capitale pour son Église, rattrapée par diverses polémiques et scandales ces dernières années. Et le Vatican ne s'en remet pas seulement à la rhétorique pour capter l'attention des nouvelles générations. La hiérarchie catholique propose ses propres outils numériques à ses fidèles.
Ainsi, La Croix a signalé que peu avant de s'envoler pour le Panama, au moment de la prière de l'angélus, place Saint-Pierre, le pape François s'était adressé à la foule de Rome, avec une tablette tactile à la main. Le but? Présenter la plateforme "Click to Pray".
"La toile peut nous aider aussi à prier en communauté, à prier ensemble. (...) Ici, j'insérerai les intentions et les demandes de prières pour la mission de l'Église", a-t-il commenté, expliquant la marche à suivre sur le site.
Cette page internet, qui se décline aussi en application pour téléphones portables, sur les réseaux sociaux, et en six langues (italien, anglais, français, allemand, espagnol et portugais), a en fait été créée en 2016. Après avoir ouvert un compte et s'être identifié, l'internaute peut ainsi rédiger son intention de prière (c'est-à-dire l'objet de sa supplique) et la soumettre à la communauté. Ensuite, il suffit d'un simple clic pour s'associer à cette démarche et prier.
Église et "web social"
Et l'Église a même théorisé son rapport à Internet et aux réseaux sociaux. Dans un texte publié jeudi dernier, et signé par le pape, l'Église décrit "le réseau qu'(elle veut)". Après avoir relevé les menaces qui environnent les navigations internet, comme le cyberharcèlement, le document invite les catholiques à ne pas s'en écarter pour autant. Comparant le christianisme à un grand corps, dont les croyants seraient les membres et Jésus la tête, il achève en assurant:
"L'utilisation du web social est complémentaire de la rencontre en chair et en os".
Un signe supplémentaire que le Vatican définit une stratégie numérique au long cours pour garder le contact avec ses ouailles.