"Décourager ceux qui allaient parler": condamné pour viol sur mineur, un prêtre promu chancelier du diocèse de Toulouse

Depuis début juin, le diocèse de Toulouse a un nouveau chancelier: le prêtre Dominique Spina. Une promotion à ce poste administratif de l'Église qui fait débat, car en 2006, Dominique Spina a été condamné pour viol sur mineur.
"Je pense aux victimes, qui ne peuvent qu'être choqués par cette nomination", estime notamment un fidèle au micro de BFMTV. Toutefois, d'autres estiment que le prêtre, dix ans après sa condamnation, mérite rémission.
"C'est quelqu'un quand même qui a exécuté sa peine. La loi a pour but de réinsérer les personnes", note un autre Toulousain. "Dans l'Église, c'est un peu pareil, il y a quand même le pardon."
"Faire miséricorde"
L'archevêque de Toulouse, de son côté, parle de "miséricorde" pour justifier sa décision, et tente d'éteindre la polémique dans un long communiqué publié le 10 juillet dernier.
"En ce qui concerne l’affaire du Père Dominique Spina, la victime a été reconnue, elle a obtenu justice, le crime a été dénoncé et le Père Spina a passé quatre années en prison qu’il a purgées", écrit Monseigneur de Kerimel.
"Le Pape François disait que Dieu est Miséricorde, c’est son Nom. Et nous, chrétiens, nous sommes témoins de la miséricorde divine."
Selon lui, le pardon "ne s'oppose pas à la justice" et le poste de chancelier convient au Père Spina qui s'occupe et continuera de s'occuper des archives, le tout sans "aucun contact avec les jeunes" et "de manière très discrète".
"Décourager ceux qui allaient parler"
Des arguments qui ne tiennent pas selon certaines associations de défense des victimes des violences sexuelles qui continuent de s'opposer fermement à cette nomination.
"Être chancelier, c'est avoir accès à tous les dossiers sensibles d'un diocèse, notamment des dossiers qui peuvent avoir attrait à des profils pédocriminels", assure Olivier Savignac, président de l'association Parler et revivre. "Il peut tout à fait se mêler de ces choses-là."
C'est aussi le signal envoyé aux victimes que dénoncent les associations, dans une Église où la pédocriminalité est encore un sujet d'actualité. "Ce qui est très choquant, c'est qu'on est dans un moment de libération de la parole", explique Constance Bertrand, porte-parole du collectif de victimes de Saint-Denis de Neuilly-sur-Seine, sur BFMTV.
"On voit que des gens qui n'ont pas parlé depuis 20, 30, 50 ans enfin parlent. Ce genre de promotion, d'action, peut décourager ceux qui allaient parler à le faire."
Ce dernier collectif demande à l'Église de prendre des mesures pour empêcher que toute personne condamnée pour des violences ne puissent encore exercer une quelconque fonction dans l'institution.