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Réforme de l'admission à l'université: les syndicats dénoncent "une sélection cachée"

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La ministre de l'Enseignement supérieur a dévoilé ce lundi matin sa réforme sur les modalités d'accès à l'université. Avant même la présentation officielle, les étudiants ont dénoncé une "sélection cachée".

Des filières engorgées contraintes de recruter par tirage au sort quand d'autres sont délaissées, une plateforme informatique d'orientation (APB, pour admission post-bac) totalement saturée et, en bout de ligne, un taux d'échec de près de 60% en première année de fac. Le gouvernement s'attaque au chantier de l'entrée à l'université et dévoile lundi matin son plan, qui se veut axé sur l'accompagnement des bacheliers dans leur choix d'études supérieures, au terme de plusieurs mois de concertation pour réformer un système à bout de souffle.

Face aux failles criantes du système actuel, la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal a cherché l'équilibre entre la nécessité de réformer les modalités d'accès à l'université sans toutefois instaurer une sélection. "L'idée n'est pas de dire 'oui' ou 'non' comme dans les filières sélectives mais de répondre plutôt 'oui' ou 'oui mais'", a-t-elle expliqué dans un entretien à L'Obs paru jeudi: "Dans ce nouveau système, soit le lycéen dispose des compétences nécessaires pour suivre les cours auxquels il veut s'inscrire. Soit certaines bases ne sont pas acquises et dans ce cas, nous pourrions lui proposer un accompagnement spécifique".

Le dernier mot au lycéen

Le lycéen pourra se voir soumis à des remises à niveau si nécessaire, mais garderait bien le dernier mot pour choisir son orientation. Durant son année de terminale, il formulerait une dizaine de voeux (contre 24 actuellement), ses enseignants émettraient des avis sur ces voeux avant que son dossier ne soit transmis aux établissements d'enseignement supérieur souhaités, qui feraient également leurs observations sur sa candidature.

"La question de la sélection, des prérequis a été abandonnée pour un accompagnement personnalisé, par profil d'élève", se réjouit Liliana Moyano, présidente de la fédération de parents d'élèves FCPE: "Cela permet de garder le bac comme porte d'entrée aux études supérieures, et que les lycéens restent acteurs de leur projet".

La présidente de la FCPE salue également l'approche individuelle de la réforme. "Effectivement, il faut qu’il y ait un accompagnement très individualisé, prévient Liliana Moyano. Travailler sur le profil de chaque élève et nous serons vigilants à la mise en œuvre de ce qui a été annoncé." "Laisser entrer n’importe quel étudiant dans n’importe quelle filière c’est l’envoyer à l’échec, rappelle de son côté Frédéric Dardel, président de l'université Paris-Descartes. On sait qu’un étudiant qui a des difficultés dans les disciplines de l’écrit a peu de chances de réussir en droit."

"Sélection cachée"

Au final, même si les avis sont défavorables, le lycéen pourrait maintenir son choix d'orientation. Mais il pourra lui être demandé de s'engager à suivre une remise à niveau. La forme de celle-ci (stages avant la rentrée, modules supplémentaires durant l'année voire année complète) reste à déterminer. A l'Unef, ce dispositif d'accompagnement laisse sceptique, surtout s'il est rendu obligatoire.

"Imposer des choses aux étudiants n'a jamais rien réglé", estime sa présidente Lilâ Le Bas, qui de toute façon "ne voi(t) pas avec quels moyens" le ministère pourrait mettre en place un dispositif qui s'annonce coûteux.

Mais le syndicat étudiant se dit surtout "très inquiet" de la possibilité qui pourrait selon Le Parisien être donnée aux filières en grande tension de refuser des étudiants, "de manière transitoire". Ils se verraient proposer des cursus proches à celui souhaité.

"Pour nous c’est de la sélection puisqu’on empêchera un jeune de faire la formation de son choix", tranche Lilâ Le Bas, qui parle de mesure "inacceptable" et prévient que le syndicat étudiant se joindra à l'appel à la mobilisation interprofessionnelle le 16 novembre si cette solution était confirmée.

"C’est une sélection cachée, déguisée", renchérit Rabi Bakkali du Syndicat général des lycéens, qui lui-aussi prévient de la possible mobilisation des lycéens contre cette réforme.

La rédaction avec AFP