Qui va payer pour la prime transport ?

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Alors que les partenaires sociaux ont jusqu'au 15 septembre pour remettre leurs propositions au Premier ministre sur la prime transport, le gouvernement prend les devants. Christine Lagarde, ministre de l'Economie a annoncé dès hier les pistes envisagées : l'extension à tout le territoire, du remboursement de 50% de la carte de transport, qui n'existe pour l'instant qu'en Ile de France ; et pour les salariés contraints de se rendre au travail en voiture, une prise en charge forfaitaire de 200 euros de leurs frais annuels par l'entreprise, dans un cadre de volontariat. Ces deux mesures seraient exonérées de charges sociales.
Des initiatives qui font bondir les partenaires sociaux.
Le patronat ne veut pas mettre la main à la poche
Les organisations patronales, exceptée la CGPME, refusent catégoriquement de discuter d'une nouvelle prime financée par les entreprises. La présidente du MEDEF, Laurence Parisot, a dénoncé une "erreur économique", estimant que les entreprises étaient dans l'impossibilité d'accepter une augmentation de leurs charges. D'après des chiffres du MEDEF, le dispositif d'Ile-de-France coûte aux entreprises plus de 600 millions d'euros par an.
Seule organisation patronale à avoir accepté de discuter avec les syndicats sur la prime transport, la CGPME a cependant dénoncé à l'avance « tout dispositif obligatoire se traduisant par une augmentation de charges (qui) viendrait fragiliser davantage encore les petites entreprises ». Pas question pour eux non plus de verser un centime. Mais alors, qui va payer ? Pour Jean-François Roubaud, président de la CGPME, la réponse est évidente : « c'est soit l'Etat soit les collectivités locales, auxquelles nous versons déjà de l'argent - au total, je rappelle que les entreprises versent environ 6 milliards par an pour les transports aux communes et à l'Etat. C'est celles qui reçoivent qui doivent se sacrifier un peu, parce que l'entreprise, elle subit déjà de plein fouet cette crise de m'énergie. »
Les syndicats dénoncent une nouvelle mesure « mort-née »
En face, les syndicats réclament une prime obligatoire pour les entreprises, et non basée sur le volontariat. Prenant l'exemple des chèques transports, institués par le gouvernement Villepin, ils soulignent qu'aucune entreprise n'en a distribué à ses salariés depuis la création de ce dispositif, lui aussi sur la base d'un volontariat...
Pour Daniel Génèste, secrétaire de l'union interfédérale CGT des transports, en charge du dossier "domicile travail", il n'est pas question de parler de mesures facultatives : « Sans disposition qui fixe un caractère obligatoire à la mesure, elle sera mort-née. »
Mais quelles que soient les divergences entre les partenaires sociaux, à Matignon, on affirme que cette prime transport, promise par François Fillon, verra bien le jour. Avec l'enjeu délicat de ne pas imposer de charges supplémentaires aux entreprises et de ne pas puiser dans les caisses de l'Etat.