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Quels sont les risques à manifester jeudi à Paris?

Une manifestation contre la loi Travail le 19 juin à Strasbourg.

Une manifestation contre la loi Travail le 19 juin à Strasbourg. - Frederick Florin – AFP

Au nom de la fatigue des forces de l'ordre et du contexte sécuritaire, la préfecture de police de Paris a interdit la manifestation contre la loi Travail voulue par l'intersyndicale ce jeudi. Mais quel est le recours possible pour les syndicats et quelles sont les conséquences de cette interdiction? BFMTV.com fait le point.

Épuisement des forces de l'ordre, menace terroriste, débordements à répétitions… Pour toutes ces raisons, pas question de manifester à nouveau ce jeudi dans les rues de la capitale. La décision a été communiquée ce mercredi par la préfecture de Paris après concertation avec l'Élysée et le ministère de l'Intérieur. Le tollé est général, à gauche comme à droite. Côté syndicats, on dénonce une liberté bafouée.

> Quel recours pour les organisateurs?

"La décision peut être contestée devant la justice administrative par les syndicats. Il faut à ce moment-là qu'ils fassent un référé injonction puisque le temps est très limité. Le dernier mot reviendra au Conseil d'État, la plus haute juridiction administrative. Elle peut très bien renverser la vapeur et estimer que la décision de la préfecture n'est pas la bonne au regard du droit à manifester", indique Sarah-Lou Cohen, chef du service police-justice de BFMTV.

En cas d'alignement du Conseil d'État avec la décision de la préfecture, certains syndicats, à l'instar de Force ouvrière, ont déjà appelé à défiler coûte que coûte ce jeudi. Leur responsabilité est alors engagée au pénal.

> Quelles conséquences pour ceux qui bravent l'interdiction?

"Même si cette situation est inédite, elle est prévue par le Code pénal. Les organisateurs encourent jusqu'à six mois d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende. Il s'agit bien d'une sanction pour les organisateurs, ceux qui ont déposé une demande de manifester. Les manifestants n'encourent quant à eux rien au niveau pénal", précise Sarah-Lou Cohen.

Néanmoins, ils risquent une contravention de première classe (11 euros). Les forces de l’ordre pourront donc procéder à des contrôles d’identité et dresser des amendes s’ils estiment que les personnes contrôlées sont là pour la manifestation. Ils peuvent aussi procéder à des interpellations comme lors de chaque manifestation.

La distinction entre manifestant ou simple passant est délicate. Mais le port de chasubles, banderoles, pancartes ou autocollants permet souvent de lever l'ambiguïté.

> Même interdite, la manifestation sera-t-elle sécurisée?

Cette manifestation a été en grande partie interdite en raison "des fortes sollicitations pesant sur les forces de l’ordre depuis plusieurs mois". Mais paradoxalement, encore plus de moyens policiers pourraient être déployés ce jeudi pour disperser tout attroupement, en procédant à des sommations et en faisant éventuellement usage de la force. Le but pour eux est d'empêcher que le cortège démarre en bloquant les accès prévus. Selon nos informations, deux compagnies d’intervention parisiennes ont d’ores et déjà été rappelées alors qu’elles devaient être en repos.

Pour cette manifestation, les syndicats avaient proposé deux parcours alternatifs, plus courts et moins risqués selon eux: Bastille-Place d’Italie ou Denfert Rochereau-Place d’Italie. Mais la préfecture s’en tenait jusqu'à présent à sa proposition de "rassemblement statique".

P. P. avec Sarah-Lou Cohen