Quand les élèves immigrés «font baisser la moyenne»...

- - -
Marie Reynier ne pensait sans doute pas provoquer autant d'émoi dans le monde de l'éducation en accordant deux interviews, la semaine dernière, dans la presse régionale. La rectrice de l'académie d'Orléans-Tour y déclarait notamment que « si on enlève des statistiques les enfants issus de l'immigration, nos résultats ne sont pas si mauvais », bien que ces élèves aient « un potentiel énorme. Qu'ils utilisent cette intelligence pour faire des mauvais coups, c'est dommage », concluait-elle. Des affirmations qui ont fait bondir de nombreux enseignants et parents d'élèves, qui vont jusqu'à se demander si l'académie ne tenait pas un fichier ethnique caché.
« Je pense qu'on ne peut pas accepter ça »
Martine Rico, présidente régionale de la FCPE (parents d'élèves), est effarée de ces déclarations. « Ca va très loin comme propos et je pense qu'on ne peut pas accepter ça. Qu'un recteur puisse penser que l'intelligence des enfants immigrés ne serait utilisée que pour faires des mauvais coups. Que les parents des enfants issus de l'immigration seraient des illettrés. Que ces enfants feraient baisser les statistiques de l'académie. D'une part je suis très choquée. Et puis je m'interroge fortement sur le fait de savoir s'il y a des statistiques ethniques qui sont faites dans l'Education nationale ou au sein de notre académie ».
« Si maintenant on ne peut plus prononcer le mot d'immigration... »
Pour sa part, Marie Reynier regrette d'avoir pu choquer. Mais tient à s'expliquer au micro d'RMC. « J'ai rencontré des inspecteurs de circonscription et ils m'ont alertée sur la disparition, dans certaines écoles, de toute disparité sociale et culturelle. Etant moi-même d'origine immigrée, j'avoue que je me suis demandé ce que je serais devenue si j'étais aujourd'hui dans l'une de ces classes. Si maintenant on ne peut plus prononcer le mot d'immigration et si on ne peut plus traiter les vrais problèmes, ce sont ces petits garçons et surtout ces petites filles qui n'auront pas d'avenir ».
« Le raccourci est assassin »
La rectrice d'académie regrette par ailleurs que ses déclarations aient été sorties de leur contexte. « Le raccourci est assassin et j'en suis très triste », dit-elle. « Mais c'était un appel à l'aide. Je voulais motiver les enseignants pour leur dire qu'on avait besoin d'eux pour lutter contre la paupérisation dans certains quartiers et que c'est dans ces classes particulières qu'il faut se mobiliser. Je voulais aussi motiver l'ensemble des collectivités en leur disant que le combat contre l'l'illettrisme c'est aussi le leur. Et il faut vraiment qu'on s'y mette tous ».