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Quand le "terrorisme de proximité" inquiète la France

A Dijon, l'automobiliste a foncé sur onze personnes.

A Dijon, l'automobiliste a foncé sur onze personnes. - Le Bien Public

Sur Internet, la propagande lancée par Daesh sur ses sites mais aussi sur les réseaux sociaux séduit de nombreux jeunes ou déséquilibrés qui se radicalisent et se lancent dans des opérations meurtrières. Agressions en voiture ou au couteau, les nouvelles formes de terrorisme qualifiées de "terrorisme de proximité" inquiètent la France.

Dimanche soir, à Dijon, un automobiliste probablement déséquilibré fonce sur des passants en criant "Allahu Akbar" ("Dieu est le plus grand" en arabe). Le chauffard, Nacer, 40 ans, connu du Taj, "Traitement des affaires judiciaires" fait alors onze blessés dont deux graves. Cette agression survient au lendemain de l'attaque au couteau du commissariat de Joué-lès-Tours par un jeune homme de vingt ans, Bilal, qui s'était radicalisé en fréquentant des sites internet consacrés au Jihad.

"C'est surtout le discours des jihadistes qui est relayé sur le net, souvenez-vous de cette phrase "Attaquez-les les mécréants, où qu'ils soient avec des pierres, des couteaux, votre voiture". On s'y attendait un peu quand même", analyse Dominique Rizet, spécialiste justice police à BFMTV, qui qualifie ces attaques d'opérations de "terrorisme de proximité", une nouvelle forme de terrorisme.

"C'est du terrorisme de proximité, celui qui nous fait vraiment peur"

"Il y a une semaine, on commentait l'actualité en Australie, avec cette prise d'otages dans un restaurant, et on disait que les nouvelles formes de terrorisme, ce ne serait pas forcément des voitures avec 500 kg d'explosif parce que ça demande une énorme logistique", explique-t-il encore.

En somme, "les nouvelles formes de terrorisme, c'est ce terrorisme de proximité, celui qui nous fait vraiment peur parce que sur un trottoir avec ses enfants, on peut se faire renverser par une voiture, parce que dans la rue, on peut se faire poignarder. C'est une évolution, au cas par cas, chacun peut devenir un terroriste", a-t-il encore ajouté.

"Des esprits fragiles"

Les deux auteurs des agressions du week-end dernier "sont extrêmement fragiles psychologiquement, des déséquilibrés", tempère toutefois l'ancien chef de l'antiterrorisme, René-Georges Querry, sur BFMTV.

A Joué-Lès-Tours, Bilal était décrit comme un jeune homme discret et solitaire, qui se serait radicalisé en fréquentant des sites internet consacrés au Jihad. "Nous avons là la rencontre entre la propagande lancée par Daesh à travers ses déclarations et les réseaux sociaux et des esprits fragiles. Ce qu'il y a de commun dans toutes ces opérations". Ainsi, il existerait un lien entre les profils "fragiles" des assaillants et la nature de leurs opérations.

"On n'a quand même pas affaire à des terroristes structurés, organisés comme on a pu en connaître en France dans les années 60, dans les années 80, 90 mais n'empêche que le phénomène qui est nouveau aujourd'hui peut nous inquiéter", a voulu nuancer l'ancien chef de l'antiterrorisme.

Claudie Merot