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Société

PSA : quelle efficacité du capitalisme familial ?

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Le conseil de surveillance de PSA Peugeot Citroën a validé le principe d'un renflouement par l'Etat et le chinois Dongfeng via une augmentation de capital de 3 milliards, destinée à aider le constructeur automobile.

Dans la nuit de dimanche à lundi, le conseil de surveillance de Peugeot a entériné l’idée d’une entrée de l’Etat et l’entreprise publique chinoise Dongfeng dans le capital de la société. Chacun des deux entrants apportera 750 millions €.

Cette entrée correspond au plan mis au point par Philippe Varin, par ailleurs écarté de la direction et a donné lieu à un affrontement au sein de la famille Peugeot. Cela conduit à se poser la question de l’efficacité du capitalisme familial.

La famille Peugeot est obligée de passer la main ?

Elle voit de fait sa part dans l’entreprise baisser. Avant les décisions de cette nuit, elle détenait encore 25% du capital et près de 40% des droits de vote. Même si la famille va devoir remettre au pot, elle reculera dans le capital à 15% si bien qu’il est envisagé que le président du conseil de surveillance ne soit plus un Peugeot.

On parle pour ce poste de Louis Gallois, qui est le candidat de l’Etat et de Jean Louis Beffa qui est le candidat des Chinois de Dongfeng.

Peut-on parler d'un échec de la famille ?

D’une certain façon oui, mais c’est assez compréhensible. Nous sommes à la huitième génération depuis la création de l’entreprise et une telle longévité est assez rare.

En fait le capitalisme familial a ses forces et ses faiblesses.

Sa force est que normalement la famille a un attachement à l’entreprise qui a des origines multiples : elle fait très attention aux investissements, essaie de s’inscrire dans le long terme, se sent souvent investie d’une mission historique.

Les faiblesses sont bien connues : les héritiers ne sont pas toujours à la hauteur des fondateurs ; la famille n’a pas toujours les réserves financières permettant d’assurer le développement de l’entreprise, ce qui en freine le développement ; les héritiers se multiplient et donc assez souvent se déchirent. Comme le disait André Gide, le mot d’ordre des familles, c’est souvent "je vous hais". On l’a vu dans le cas de Peugeot où deux lignes s’affrontaient au sein de la famille, incarnées par deux cousins Thierry et Robert Peugeot.

Quand on essaie de faire un bilan, on s’aperçoit que dans le monde anglo-saxon, même s’il y a des dynasties familiales, on croit davantage au principe de l’actionnariat diversifié. Ce n’est pas par hasard que le principe de la "société anonyme" a été inventé au Royaume –Uni. En revanche, en Europe continentale et au Japon, le capitalisme familial est encore puissant

Jean-Marc Daniel