Protestations contre la hausse du prix du carburant: le spectre du mouvement de colère de 2008

Des chauffeurs routiers bloquent le boulevard circulaire de la Défense (Paris) pour protester contre la hausse des prix du carburant, le 18 juin 2008. - Jean Ayissi - AFP
Il y a dix ans, la France et l'Europe subissaient une hausse record du prix du carburant à la suite de conflits dans des pays producteurs de pétrole: des attentats en Irak, des troubles sociaux au Venezuela ainsi qu'au Nigeria. En 2008, le prix du baril de pétrole atteint ainsi les 140 dollars, alors qu'il tournait autour de 60 dollars un an auparavant.
Dix ans plus tard, la facture à la pompe connaît une nouvelle flambée, avec des prix TTC jamais vus depuis les années 2000 pour le gazole, et depuis 2014 pour le sans plomb 95. En cause cette fois, outre la hausse des cours du brut, l'alourdissement des taxes sur les carburants.
Le mécontentement est monté en puissance dans l'Hexagone ces dernières semaines, avec des appels à bloquer les routes et les autoroutes le 17 novembre prochain. En 2008 déjà, plusieurs secteurs s'étaient mis en grève afin de protester contre des hausses impressionnantes du prix du carburant.
Le mouvement lancé par les marins-pêcheurs
"Les prix des carburants viennent de battre un septième record d'affilée avec un sans plomb 95 à 1,47 euros et un gasoil à 1,44 euros" écrit par exemple Le Figaro en mai 2008. Au début de ce mois, plusieurs ports français se mettent en grève pour réclamer une aide financière contre la hausse du prix du carburant et son impact sur les revenus des équipages des bateaux de pêche.
Plusieurs centaines de pêcheurs s'organisent pour bloquer des accès routiers aux dépôts pétroliers, notamment celui de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) ou Frontignan (Hérault).
Leur mouvement est suivi par les voisins européens italiens, espagnols et portugais. En France, des commerçants vont jusqu'à retirer le poisson de leurs étals en soutien à la protestation, rapporte alors Le Monde. Parfois, ce sont les pêcheurs qui se rendent eux-mêmes dans les grandes surfaces pour retirer les produits de la mer en vente. "Pas de poisson en vente pendant la grève", lance alors la CFDT.
Camionneurs, taxis et ambulanciers
Des manifestations et blocages épars de camionneurs, mais aussi d'ambulanciers et d'agriculteurs sont également venus grossir les rangs des secteurs en colère contre la hausse des prix.
Les taxis avaient emboîté le pas en juillet, réclamant à leur tour une compensation financière. Gilbert Blanc, président de la Fnat Midi-Pyrénées (Fédération nationale des artisans du taxi), demandait alors "une compensation sur la détaxe carburant", selon La Dépêche du Midi. Ce dédommagement "a été divisé par 3 en 2008", selon Gilbert Blanc, alors que les prix du carburant n'ont cessé d'augmenter cette même année.
A l'époque, le gouvernement s'engage notamment à concéder une "aide aux équipages" pour les pêcheurs, permettant de ramener le coût du gazole à 0,40 euro le litre, alors qu'il dépassait les 1,40 euro. Mais la crise des subprimes qui suit ce troisième choc pétrolier va, de toute façon, faire dégringoler le cours du baril pétrole, qui perd près de 100 dollars dans les derniers mois de 2008.