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Société

Propos polémiques sur les Kurdes: un sous-préfet sommé de s'expliquer

Vue de la préfecture de Police à Marseille, en 2010.

Vue de la préfecture de Police à Marseille, en 2010. - Anne-Christine Poujoulat - AFP

Le directeur de cabinet du préfet de police des Bouches-du-Rhône a notamment reproché à ses interlocuteurs kurdes de "mettre la merde à Marseille". Il devra s'expliquer auprès du ministère de l'Intérieur.

Le directeur de cabinet du préfet de police des Bouches-du-Rhône, dont les propos à l'encontre d'une délégation de Kurdes de Marseille font polémique, devra s'expliquer, notamment auprès du ministère de l'Intérieur, a déclaré mercredi le préfet de police.

Le quotidien La Marseillaise a le premier rapporté et diffusé des extraits de l'enregistrement de ces propos, tenus la semaine dernière lors d'une rencontre à la préfecture entre le sous-préfet Gilles Gray et une délégation de la communauté kurde à propos de l'organisation d'une manifestation. 

Propos enregistrés

Ce sont les membres de cette délégation qui ont enregistré la conversation. Gilles Gray reproche notamment à ses interlocuteurs de "mettre la merde à Marseille" au lieu de combattre au Kurdistan, leur lançant: "Vous avez vos soeurs et vos frères qui sont là-bas, il faut les aider d'une manière ou d'une autre. C'est pas en faisant les cons sous l'Ombrière (située sur le Vieux-Port, et où se terminent de nombreuses manifestations à Marseille, ndlr) que vous allez les aider".

Evoquant leurs manifestations et leur cause, le sous-préfet assure en outre à ses interlocuteurs: "Les Marseillais s'en foutent, les Français de manière générale ont tellement de soucis, les gens s'en foutent".

"Ces propos ne sauraient engager l'Etat"

"L'entretien était lié à un changement de trajet d'une manifestation prévue, annoncé hors des délais légaux", a expliqué le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Jean-Paul Bonnetain. "Il a duré plus d'une heure, et au-delà de son objet premier, il s'est poursuivi avec des propos plus informels et plus personnels, tant dans la forme que dans le fond", a-t-il poursuivi.

"Ces propos ne sauraient engager l'Etat, mais ils posent question car ils sont tenus dans le cadre de l'exercice de fonctions" de sous-préfet et directeur de cabinet du préfet de police, a-t-il ajouté." Face à cette situation, la personne en question a été invitée à apporter les explications utiles pour envisager les conséquences que l'administration estimera opportunes". "C'est une affaire qui par sa sensibilité retient l'attention de l'administration centrale", c'est-à-dire du ministère de l'Intérieur, a assuré le préfet.

"Bêtise crasse"

Dénonçant dans un communiqué un "manque de solidarité élémentaire" et des propos "d'une violence inouïe et d'une bêtise crasse", SOS Racisme a de son côté demandé que "des sanctions soient prises dans les plus brefs délais".

La communauté kurde de Marseille a manifesté quatre fois au cours de derniers jours pour attirer l'attention sur le sort de la ville kurde de Kobané, en Syrie, sur le point de tomber aux mains des djihadistes de l'organisation Etat islamique.

V.R. avec AFP