Primes au mérite des policiers : un système opaque et coûteux

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Le versement de primes en liquides au sein de la police est bel et bien fini, pourtant le système de primes de résultats existe encore.
Créées en 2004 pour récompenser les 10% de policiers "les plus méritants", elles ont coûté l'an dernier, 25 millions d'euros et ont été réparties sur un tiers des fonctionnaires - primes individuelles et collectives.
Une prime récompense largement diffusée et dont les critères d'attribution sont souvent très flous, et sont le résultat d'un savant mélange entre mérite individuel et collectif, entre les unités de police qui ont résolu de belles affaires et celles qui pratiquent encore la politique du chiffre.
Mais les attributions sont parfois difficiles à comprendre. Par exemple, pour compenser l’absence de cantine dans leur caserne, une compagnie de CRS touche directement le montant maximal : 1.000€. De même, comment justifier que neuf policiers, sanctionnés dans l’affaire de la BAC nord de Marseille, aient eu droit à cette récompense une fois mutés dans leur nouveau service ?
Aujourd’hui, près d’un policier sur trois touche une prime de 500 à 1000€ par an. Une façon de "faire plaisir et de mettre de l’huile dans les rouages", selon le directeur général de la police nationale.
Seul un syndicat de police veut revenir sur ces primes : l'UNSA, troisième plus importants chez les gardiens de la paix. Philippe Capon est secrétaire général de l'UNSA-police, estime qu'"on a affaire à un clientélisme".
Il dénonce "des manipulations" aboutissant au fait que "ce sont toujours les mêmes qui ont tendance à toucher les primes". "Nous on estime depuis le début que les primes individuelles ne devraient quasiment pas exister", avance-t-il, jugeant que "dix ans de primes, c'est dix ans d'usine à gaz". Il suggère que l'enveloppe devrait être conservée pour "être distribuée à l'ensemble des collègues".