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Société

Précarité étudiante: un tiers des étudiants déclare sauter des repas par manque d'argent

Des étudiants patientent pour une distribution d'aide alimentaire organisée par le syndicat étudiant "Union Pirate" le 25 septembre 2024 à Rennes

Des étudiants patientent pour une distribution d'aide alimentaire organisée par le syndicat étudiant "Union Pirate" le 25 septembre 2024 à Rennes - Damien MEYER © 2019 AFP

Face aux difficultés financières, 18% des étudiants interrogés dans un baromètre de l'Ifop pour l'association Cop1 ont recours à l'aide alimentaire pour se nourrir.

Alerte sur "une situation de précarité alimentaire sévèrement ancrée dans la population étudiante". Le baromètre annuel de l'Ifop pour l'association Cop1, publié ce jeudi 17 octobre, entend "établir un diagnostic fin et précis de la précarité étudiante" et met en lumière les difficultés quotidiennes des jeunes en formation en France.

Selon cette enquête menée sur plus de 800 personnes, plus d'un tiers des étudiants déclare sauter souvent ou de temps en temps un repas par manque d'argent (36% d'entre eux contre 29% dans la moyenne nationale).

"Ce phénomène concerne tout particulièrement les étudiants qui travaillent en parallèle de leurs études", indique l'étude.

18% ont recours à l'aide alimentaire

"Bien que les restaurants universitaires offrent une solution potentielle à cette précarité alimentaire, seuls 54% des étudiants les fréquentent régulièrement. Plusieurs obstacles expliquent cette sous-utilisation: l'éloignement géographique (23%), les files d’attente excessives (17%), et des tarifs jugés trop élevés (13%)", explique-t-elle également.

Face à ces difficultés, plus de la moitié des étudiants adaptent leurs menus avec des recettes moins coûteuses quand 43% d'entre eux réduisent les portions et les quantités de leurs repas. Chiffre notable: 18% des interrogés ont recours à l’aide alimentaire.

L'étude pointe une "légère embellie" puisque "la proportion d’étudiants indiquant limiter ou renoncer à des achats alimentaires a légèrement reculé entre 2023 et 2024, même si elle se maintient à un niveau élevé (41% contre 49%)".

La quête d'un toit particulièrement difficile

Le logement est également une problématique importante de la précarité étudiante. Ainsi, la quête d'un toit s'avère semée d'embûches pour la moitié des concernés, "dont 18% font état de difficultés 'très importantes'".

"Cette problématique s’accentue pour ceux cherchant à s’établir en solo, avec 25% d’entre eux confrontés à des obstacles conséquents", peut-on lire dans l'étude.

En outre, près d’un tiers des étudiants peinent à honorer leurs charges locatives dans les délais, un taux supérieur à la moyenne nationale.

La problématique de la précarité menstruelle

La précarité menstruelle, c'est-à-dire la difficulté ou manque d'accès des personnes réglées aux protections hygiéniques par pauvreté, reste également prégnante avec quart des étudiantes qui rapportent manquer parfois de protections hygiéniques.

"La stagnation de ces chiffres suggère que les politiques de mise à disposition gratuite de protections hygiéniques n’ont pas encore eu l’impact escompté", commente l'association Cop1.

Autre problématique, 41% des étudiantes déclarent avoir déjà renoncé à une consultation gynécologique, "en partie par des raisons financières, mais également par la difficulté à obtenir un rendez-vous ou le manque de professionnels à proximité du domicile".

Des étudiants qui se sentent seuls

Le baromètre s'attarde également sur la santé mentale des étudiants, très impactée par la crise sanitaire du Covid-19. Récemment, l'inflation a "poussé ces jeunes à faire des concessions sur des activités généralement bénéfiques pour le bien-être mental à cet âge: un étudiant sur deux a été contraint de réduire ses dépenses de divertissements et de sorties".

Quatre étudiants interrogés sur dix déclarent qu’il leur arrive fréquemment de se sentir seuls, soit plus du double de la moyenne nationale. Par ailleurs, 64% affirment ressentir des émotions négatives tandis que près d'un quart consulte un psychologue.

Salomé Robles