Pourquoi le lait est toujours aussi cher

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Les Français continuent à payer leur brique de lait au prix fort, et ce malgré la chute du prix payé aux producteurs depuis l'année dernière. C'est la conclusion de deux études commandées par le gouvernement en pleine crise du lait et publiées hier mercredi 29 juillet. Distributeurs et industriels ont conservé, voire augmenté, leurs marges selon ces deux études, réalisées par l'Observatoire des prix et des marges, et par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
« Industriels et distributeurs confisquent cette baisse »
L'association de consommateurs UFC-Que choisir presse les industriels et distributeurs de baisser sans tarder le prix du lait, les accusant de « confisquer » la baisse que subissent les producteurs. Olivier Andrault, chargé de mission alimentation à l'UFC-Que Choisir, qui fait partie de l'observatoire des prix et des marges, souligne que le lait de consommation est le seul produit qui « n'a répercuté aucune baisse de prix au niveau des rayons [ndlr, contrairement au yaourt, au beurre, ou au fromage], alors qu'il est clair que la matière première laitière constitue l'essentiel des charges de cette filière. » Et pour lui, l'explication est claire : « c'est parce qu'il y a eu une confiscation de cette baisse des prix, au niveau des industriels tout d'abord - et notamment pour les laits de grandes marques - et aussi parce qu'il y a eu une confiscation de cette baisse au niveau de la distribution - et plus particulièrement sur les produits à marques de distributeurs. »
« Impossible de savoir où les distributeurs prennent leur marge »
Du côté des producteurs, on ne peut pas dire que les résultats de ces études surprennent. Christophe Soulis, agriculteur et producteur de lait en Haute-Loire, explique : « on constate que, bon an mal an, les distributeurs et les transformateurs ont toujours le même volume de marge, et que le consommateur continue de payer toujours plus cher. A chaque fois qu'il y a une hausse à la production, elle est toujours répercutée à la consommation, mais elle n'est jamais retirée après. Ce sont des phénomènes qu'on n'arrive pas trop à décortiquer : au niveau de la distribution, on n'arrive pas trop à savoir où ils prennent la marge. On sait qu'ils ont un volume de marge qu'ils arrivent à prendre, mais on n'arrive pas à savoir où ils la prennent et si ce volume de marge est justifié. »
« Consommateurs et producteurs trompés »
Jean-Bernard Bayard, secrétaire général adjoint de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), est en colère : « les consommateurs et les producteurs sont trompés. Parce que quand on voit des marges de l'ordre d'un tiers sur les yaourts, le beurre en plaquette... on s'interroge : comment se fait-il que nous avons une telle marge en pourcentage au niveau de la distribution, simplement pour mettre en rayons un produit. Le consommateur est sûrement pris en otage, mais le producteur aussi, qui est devenu la variable d'ajustement du prix de la grande distribution. Et je ne peux pas être d'accord là-dessus. »