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Plus de 2.000 postes non pourvus aux concours enseignants: la pénurie de profs recule-t-elle?

Un enseignant dans sa salle de classe (photo d'illustration)

Un enseignant dans sa salle de classe (photo d'illustration) - SEBASTIEN BOZON © 2019 AFP

Les concours enseignants n'ont à nouveau pas fait le plein. Mais par rapport à l'année dernière, moins de postes restent vacants à l'issue des épreuves. Faut-il y voir le début de la fin de la pénurie ?

Les concours enseignants n'ont, cette année encore, pas fait le plein. Au total, ce sont 2.063 postes qui n'ont pas été pourvus à l'issue des concours de recrutement du premier et du second degré des établissements publics, selon les décomptes de BFMTV.com.

Pour obtenir ce nombre, BFMTV.com a fait la différence entre le nombre de postes ouverts et le nombre de candidats admis, aussi bien pour les concours externes, troisième concours (qui s'adressent aux personnes ayant précédemment travaillé dans le privé) et internes (réservés aux personnels de la fonction publique) du secteur public dont les listes sont en ligne.

Mais si l'on compare avec la cession 2024, la pénurie d'enseignants semble ralentir. Pour rappel, l'année dernière à la même époque, quelque 3.185 postes de professeurs n'avaient pas été pourvus à l'issue des concours.

Dans le premier degré, ce sont 1.284 postes qui n'ont pas été pourvus sur un total de 10.775. Ce qui représente un peu plus de 12% des postes proposés aux différents concours de recrutement de professeurs des écoles (CRPE). Une nuance cependant: BFMTV.com n'a pas pu prendre en compte certains premiers concours internes, faute de données publiées.

Parmi les académies les plus déficitaires, celle de Mayotte où un peu plus de la moitié des postes ouverts aux concours n'a pas été pourvue. Dans l'académie de Versailles, dont les difficultés de recrutement se sont intensifiées, quelque 476 postes n'ont pas été pourvus sur les 1.414 proposés - ce qui représente un tiers des postes non pourvus. La situation est proportionnellement plus critique en Guyane où près de sept postes sur dix restent vacants à l'issue des concours.

Pour Créteil, l'une des académies qui peine à recruter ces dernières années, quelque 371 postes restent vacants à l'issue des concours, soit plus de deux postes sur dix. Le rectorat assure à BFMTV.com que "des professeurs contractuels confirmés pour compléter nos besoins" seront recrutés "et des néo-contractuels seront formés", sans détailler leur nombre ni la durée de la formation. Ces dernières années, des recrutements de contractuels express et pour certains sans formation ont suscité la controverse.

"Les besoins sont toujours aussi criants"

Mais la pénurie ne concerne pas toutes les académies. D'autres ont en effet fait le plein. C'est le cas de Bordeaux, Strasbourg ou Toulouse. Certaines ont même recruté davantage. Dans l'académie de Paris, alors que 263 postes étaient proposés aux concours, 372 candidats et candidates ont été admis. Contacté sur ce point, le rectorat n'a pas répondu.

"Oui, il y a une baisse de la pénurie, mais c'est une baisse en trompe-l'œil", dénonce pour BFMTV.com Aurélie Gagnier, porte-parole et co-secrétaire générale du FSU-Snuipp, le syndicat majoritaire des enseignants du premier degré. "En réalité, le nombre de postes ouverts aux concours cette année est inférieur à celui de l'année dernière." Pour rappel, dans le premier degré public, en 2024, quelque 10.970 étaient proposés aux concours.

C'est également le cas dans les académies qui connaissent des difficultés récurrentes de recrutement. Quelque 2.290 postes étaient ouverts en 2024 dans l'académie de Créteil, contre 1.659 cette année. Autre exemple avec la Guyane: 244 postes ouverts en 2025, c'était 36 de plus l'année précédente.

"Il y a moins de pertes puisqu'il y a moins d'offres au départ", déplore encore Aurélie Gagnier. Elle pointe un "petit tour de passe-passe". Et la conséquence, selon elle, c'est le recours "massif" aux contractuels dans certaines académies. Un enseignant sur dix est en effet aujourd'hui contractuel, selon un rapport de la Cour des comptes publié en octobre dernier.

"En réalité, les besoins sont toujours aussi criants", plaide la représentante du FSU-Snuipp.

Afin de répondre à la crise des vocations dans l'enseignement, une réforme des conditions d'accès aux concours des premier et second degrés a été lancée. À partir de la cession 2026, les candidats et candidates pourront passer les concours dès bac+3 (et non plus bac+5).

Et afin de rendre le métier plus attractif, une fois le concours obtenu, les futurs enseignants suivront une formation professionnalisante en deux ans moyennant une rémunération. En contrepartie, ils devront s'engager à exercer le métier pendant au moins quatre ans.

779 postes non pourvus dans le second degré

En ce qui concerne les résultats d'admission dans le second degré, la situation est similaire à celle du premier. À l'issue des différents concours du certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré (Capes) - le diplôme pour enseigner en collège et lycée général et technologique - quelque 779 postes n'ont pas été pourvus. Ce qui représente un peu plus de 12% du total des postes proposés (soit 6.289 cette année contre 6.602 pour la session 2024).

"On a encore et toujours des postes perdus", regrette pour BFMTV.com Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, le premier syndicat des personnels enseignants du second degré. "Le nombre de postes offerts au Capes externe a baissé de 5% cette année."

"Mécaniquement, ça fait baisser la pénurie."

Il manque 330 professeurs de mathématiques

Si les sciences économiques ont fait le plein, dans certaines disciplines la crise des vocations ne semble pas encore s'être enrayée. C'est le cas des mathématiques, matière qui peine à recruter depuis plusieurs années.

Si l'on prend uniquement l'exemple du Capes externe de mathématiques, la pénurie paraît même s'aggraver. En 2024, quelque 209 postes n'avaient pas été pourvus à l'issue de ce concours. En 2025, ce sont 253 postes du Capes externe qui restent vacants. Et au total, à l'issue de l'ensemble des concours de la session 2025, ce sont 330 places qui restent vacantes. Ce qui représente 24% des postes en mathématiques. Situation similaire pour la physique-chimie: un peu plus de deux postes sur dix n'ont pas été couverts aux concours.

Dans les disciplines littéraires, les concours n'ont pas non plus fait le plein. Un peu plus de 32% des places en lettres classiques n'ont pas été pourvues, près de 11% en lettres modernes. Une situation qui ne s'est pas améliorée depuis l'année dernière - 11% de postes vacants en lettres modernes et 36% en lettres classiques en 2024. En ce qui concerne les langues vivantes, c'est l'allemand qui souffre le plus: un peu plus de deux postes sur dix n'ont pas été pourvus.

Et comme pour le premier degré, l'académie de Mayotte semble particulièrement en souffrance quant au recrutement d'enseignants pour ses collèges et lycées publics. Près de 16% des postes proposés aux concours d'affectation locale dans l'archipel de l'océan Indien restent vacants.

Quant aux professeurs d'éducation physique et sportive, il en manque 90, soit près de 12% des postes ouverts au concours du certificat d'aptitude au professorat d'éducation physique et sportive (Capeps). "Ce qui est inquiétant, c'est que les années passent et qu'on a toujours des postes perdus dans les concours", s'alarme Sophie Vénétitay. "Le ministère organise la pénurie. Et la crise d'attractivité se poursuit."

https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV