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Société

Place en crèche : un rapport dénonce les disparités

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La capacité d'accueil des moins de 3 ans passe de 9 à 80 places selon les départements, dénonce le rapport annuel de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) publié mardi qui pointe aussi l’opacité des critères d’attribution.

C’est la galère pour de nombreux parents : trouver une place en crèche pour leurs enfants. En moyenne en France, 50 enfants sur 100 ont la possibilité d'être placé en crèche, en école pré-élémentaire, chez les assistantes maternelles ou avec les nounous. Pour les autres, c'est la débrouille, avec des parents qui sollicitent l'aide de la famille ou qui arrêtent tout simplement de travailler - et dans ce cas, ce sont en très grande majorité les femmes qui sacrifient leur vie professionnelle.

En Guyane, seulement 9 places pour 100 enfants

Le rapport de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) met en avant une grande disparité territoriale comme le confirme Christine Champaz, la directrice des statistiques des études et de la recherche à la CNAF. « La Corse, le pourtour méditerranéen, les DOM, l’Eure, les Ardennes, l’Aube, le Haut-Rhin, dispose des taux de couverture les plus bas. Et si on s’intéresse à l’Île-de-France, ce sera la Seine-Saint-Denis et le Val d’Oise qui disposent de la plus faible capacité d’accueil. Les crèches, les établissements collectifs de garde d’enfants, sont plutôt localisés dans des zones plus urbanisées où la densité de population est la plus forte et donc où la façon de rejoindre l’établissement est plus aisée ».

« 60 courriers, 80 coups de téléphone »

Elise Aubry est membre du collectif "Crèche qui se passe" et habite à Paris. Elle-même a rencontré beaucoup de difficulté à placer sa petite fille en crèche. « On a dû passer entre 70 et 80 coups de téléphone et on a écrit 60 courriers qu’on a envoyé avec les actes de naissances, relate-t-elle sur RMC. J’ai dû reprendre le travail début août 2012. Du coup mon mari a refusé à l’époque deux contrats pour pouvoir s’occuper de notre fille. Nous avons alors écrit un courrier à l’adjointe au maire qui s’occupe de la petite enfance de notre arrondissement qui du jour au lendemain nous a trouvé une place. Ce n’est pas normal et c’est une pratique que l’on dénonce avec le collectif "Crèche qui se passe" ».

« Des critères d’admissions flous »

Un autre aspect est déploré par le rapport : le manque de clarté de la procédure d'attribution en crèche, un "jeu complexe", avec des critères flous pouvant fortement varier d'un établissement à l'autre. 40% d'entre eux ne mentionnent d'ailleurs pas leurs critères dans le règlement intérieur. Résultat : un tiers des parents interrogés disent ne pas savoir qui sont les familles prioritaires pour obtenir les places en crèche.

« Comprendre pourquoi on a une place ou non »

Pour la ministre de la Famille Domnique Bertinotti, l’objectif désormais c’est la transparence. « Il faut que nous allions vers cette grande transparence, avoue-t-elle, que les parents comprennent pourquoi ils obtiennent ou n’obtiennent pas de place en crèche au-delà du fait de la distorsion encore très forte entre la demande et l’offre. Pour ce qui est des crèches qui sont créées par les collectivités locales, c’est à elles de définir les critères d’attribution et de les faire connaître aux parents, et qu’ensuite ils soient appliqués dans tous les établissements d’accueil de la petite enfance ».

63% des moins de 3 ans gardés par leurs parents|||

- La France compte 2,4 millions d'enfants de moins de trois ans. La plupart (63%) sont gardés par leurs parents, les autres par une assistante maternelle (18%) et en accueil collectif (10%).

- Dominique Bertinotti, la ministre déléguée à la Famille, inaugure le samedi 17 novembre à Nantes la "mobilisation pour la petite enfance", soit une série de concertations dans quatre régions (Midi-Pyrénées, Bourgogne, Nord-Pas-de-Calais, Pays-de-la-Loire) avec des parents, des professionnels, des élus et des collectivités territoriales.

T.de Dieuleveult avec V.Joanin