Piétons percutés à Dijon: l'attaque n'est "pas un acte terroriste"

Selon la procureure Marie-Christine Tarare, la piste terroriste est écartée. - Jean-Philippe Ksiazek - AFP
Le drame survenu dimanche soir à Dijon "est l'oeuvre d'un déséquilibré" et "absolument pas un acte terroriste" a martelé la procureur de la République, lors d'une conférence de presse ce lundi. Le chauffard qui a renversé 13 piétons dans les rues de Dijon, souffre de "pathologie psychiatrique ancienne et lourde".
Au moment des faits, des témoins indiquent que le chauffeur de la voiture aurait crié "Allah Akbar". Mais le parquet antiterroriste de Paris n'a pas été saisi de l'affaire, ce qui montre bien que les autorités écartent l'existence de revendications terroristes. "Il devrait être déferré demain dans le cadre de l'ouverture d'une information judiciaire pour tentative d'assassinat". Lors de sa garde à vue, l'homme aurait reconnu le caractère volontaire de son acte.
157 passages en milieu psychiatrique
Marie-Christine Tarrare, la procureur a précisé que l'homme était passé 157 fois en milieu psychiatrique entre février 2001 et novembre 2014. Des passages "plus ou moins longs" mais toujours des "hospitalisations libres. Il est allé de son propre chef à l'hôpital et a accepté les soins", a noté la procureur. Le chauffeur est d'ailleurs sous traitement médicamenteux.
L'homme âgé de 40 ans est né en France et vivait chez ses parents installés à Dijon depuis 2000. La magistrate a indiqué que le chauffeur de la voiture avait une activité professionnelle dans un établissement pour adulte handicapé, "ce qui démontre que la pathologie de cette personne est une évidence". Les autorités ont demandé en urgence une expertise psychiatrique. Elle n'a pas encore pu déterminer si le discernement de l'homme était aboli ou altéré au moment des faits.
Un acte "politique" pour les enfants de Tchétchénie
Lors de la conférence de presse, la magistrate est revenue sur les faits et les motivations de l'homme qui restent "floues". "Il a indiqué qu'alors qu'il était chez lui et regardait une émission de Noël à la télévision, il avait été pris par une bouffée d'empathie pour les enfants de Tchétchénie, (...) ce qu'il considère comme une injustice", relate la procureur. Il aurait alors envisagé de s'en prendre à l'Etat français, "notamment à des policiers ou des militaires", mais sans passer à l'acte. "C'est en voyant des piétons circuler dans la ville qu'il a décidé de les percuter". D'après la procureur, la mère du suspect aurait signalé à la police son fils en le voyant partir "énervé" du domicile. "Elle s'est inquiétée pour lui" et "craignait un passage à l'acte suicidaire".
L'acte de l'homme n'aurait pas été guidé par la religion, "mais parce qu'il estimait que politiquement, il fallait qu'il agisse pour faire entendre son mécontentement". Les perquisitions menées à son domicile n'ont pas permis de mettre en évidence "de lien avec l'Etat islamique". Par ailleurs, "cette personne n'avait pas internet", un moyen souvent utilisé par les jihadistes pour recruter.
Connu des services de police pour des faits anciens
Parallèlement, l'homme est connu par les services de police mais pour des faits anciens. La procureur de la République a indiqué l'existence de plusieurs vols en 1992 et 1996 à Strasbourg. "Des faits qui ont pu entraîner des condamnations" mais dont son casier ne porte plus de traces aujourd'hui.
La seule condamnation mentionnée sur son casier est une condamnation suisse. "Il lui est reproché d'avoir facilité l'entrée d'une personne en situation irrégulière sur le territoire suisse". La police judiciaire poursuit ses investigations, la garde à vue du chauffeur devrait être prolongée.