Petroplus : « Je leur demandais juste de nous laisser notre chance »

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C’était leur dernier espoir, et il a été écarté, mardi, par le tribunal de commerce de Rouen. Les salariés et les syndicats de Petroplus, la raffinerie de Petit-Couronne en Seine-Maritime qui emploie 470 personnes, savent maintenant que le site va fermer. La justice a prononcé sa liquidation après avoir rejeté les deux offres de reprises qui lui avaient été présentées, celle d'Alafandi Petroleum Group (APG), basé à Hong Kong, mais surtout celle de NetOil, dont le siège est à Dubaï. Cette dernière présentait de solides garanties selon les syndicats, mais la justice a estimé que NetOil n'avait pas démontré ses capacités financières.
« On nous a fusillés ! »
A l'extérieur du tribunal les 200 salariés présents s'attendaient pourtant à ce que cette offre soit acceptée. « Pour moi, c’était : 'ça y est, c’est bon', on allait nous lâcher la grappe et on allait pouvoir travailler, espérait Yvon Scornet, le porte-parole de l'intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC. Et bien on nous a lâché la grappe, on nous a fusillé ! On a mis 2000 familles au rebus. On détruit une des grandes sociétés de la région. C’est aberrant. Qu’est-ce qu’on risquait ? Je leur demandais de nous laisser notre chance ! Si ça ne marche pas, tout ce qu’on risque, c’est de se retrouver dans la même situation dans deux ans. Là, c’est sûr, il y a 100% de probabilité qu’on soit mort », regrette-t-il.
« On est horrifiés »
« C’est le dépit, l’abattement, le dégout », témoigne Fabrice. Il travaille depuis 8 ans sur le site, et pour lui, « il y avait le moyen de laisser une chance à un repreneur. On ne lui laisse pas, ça veut dire qu’on ne laisse pas la chance aux salariés, à l’emploi ».
Aujourd’hui, il en appelle à l’Etat, au même titre qu’Emmanuel Maurel, le candidat au poste de Premier secrétaire du PS face à Harlem Désir qui a demandé une nationalisation de la raffinerie. « C’est aux politiques aussi de prendre leurs responsabilités, estime le salarié. Vu la conjoncture actuelle, Arcelor, PSA, Doux, c’était une bonne carte à jouer, de dire : « voilà, il y a une entreprise qui redémarre. Le tribunal en a décidé autrement, on est horrifiés ».
« Aujourd’hui, les pigeons, c’est nous »
Le tribunal de commerce de Rouen a tout de même laissé une porte entrouverte. Les juges ont permis à d'éventuels repreneurs de se faire connaître avant le 5 novembre, mission quasi-impossible. Nicolas Vincent, de la CGT, en a conscience. « On a vu ces derniers jours un collectif d’entrepreneurs monter les pigeons. En deux jours, leur problème était résolu par le gouvernement. Aujourd’hui les pigeons, c’est nous, donc on demande à ce qu’ils résolvent aussi notre problème en deux jours », demande-t-il. Le gouvernement, via un communiqué du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, a assuré qu'il poursuivrait "ses efforts" en vue d'une reprise de la raffinerie. Les salariés ont prévu de se rassembler jeudi à 12h30 devant la raffinerie.