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Société

Pesticides : Vers une interdiction dans les espaces publics

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Les députés pourraient décider ce jeudi d''interdire à l'Etat, aux collectivités locales et aux établissements public d'utiliser des produits "phytosanitaires" pour l'entretien des parcs, promenades, forêts.

Faut-il interdire les pesticides dans les parcs et les jardins publics ?
Les députés écologistes veulent faire adopter ce jeudi une proposition de loi pour interdire l'utilisation des pesticides dans les espaces verts publics, à partir de 2020.

Un texte déjà adopté au Sénat et qui pourrait donc être définitivement adopté par le Parlement.

En clair, il s'agit d'interdire à l'Etat, aux collectivités locales et aux établissements public d'utiliser des produits phytosanitaires pour l'entretien des parcs, promenades, forêts... Les professionnels des espaces verts auront donc jusqu'à 2020 pour adapter leur méthodes de travail.

"Partout où on peut s'en passer, on doit s'en passer"

Joël Labbé, sénateur EELV du Morbihan, et auteur de cette proposition de loi, rappelle sur RMC que "ce sont des produits toxiques et dangereux" et que "dans les collectivités publiques et dans les jardins domestiques, on peut s'en passer". "Partout où on peut s'en passer, on doit s'en passer", conclut-t-il. D'autant, explique-t-il que cela permettra d'utiliser plus de main d'oeuvre "en période de chômage, l'équation est vite résolue" se réjouit-il, assurant qu'"il y a des techniques alternatives".

A Versailles, les pesticides sont interdits depuis 2005. Jusque là, c'est pas moins de 130 000 litres de produits chimiques qui étaient déversés dans le sol. François de Mazières, député-maire UMP de Versailles, évoque un problème de "santé publique pour toute la population" et pour le "personnel d'entretien" face à "des produits cancérigènes". Des techniques plus traditionnelles, comme les brûleurs pour enlever les pousses, ont donc été mises en place.

Pascal, agent d'entretien des espaces verts, a arrêté il y a longtemps d'asperger les 35 hectares des parcs et jardins de la ville de pesticides, et cela le satisfait. "C'est dangereux", explique-t-il, "avec les produits phytosanitaires, on est obligés de mettre masque, combinaison". Il assure respirer "mieux" et se dit rassuré pour sa santé.

Les enfants, les plus exposés

Justine, Versaillaise, ne cache pas son enthousiasme "pour les enfants" car "on les emmène dans les jardins publics, c'est eux qui sont le plus exposés,ils sont petits et pour leur santé plus tard on sait que les pesticides c'est pas bon", explique-t-elle.

De plus, la mesure permet à la ville de Versailles d'économiser 25 000 euros par an de pesticides.

Xavier Coumoul, professeur de toxicologie à l’université Paris-Descartes a fait partie du groupe de scientifiques qui a publié un rapport piloté par l’Inserm en juin 2013 sur les dangers des pesticides. Il affirme qu'"il y a une association entre exposition aux pesticides et cancer de la prostate, et cancer du sang". D'après lui, le risque concerne avant tout les agriculteurs et ceux qui appliquent ces pesticides, mais "dans les parcs et jardins, il n'y a pas une nécessité d'utiliser des pesticides car on n'est pas là pour produire des plantes".

La France est le premier consommateur de pesticides en Europe, dont de 90 à 95% sont utilisés pour l'agriculture. Or, selon une étude de l'Inserm, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, il existe une "présomption forte" sur le lien entre l'usage de pesticides et certains cancers ou encore la maladie de Parkinson.

La rédaction avec R. Couto et C. de Vergennes et J.-B. Durand