Pas de petites économies pour les mairies

Face à la baisse de 3 milliards d’euros des dotations de l’Etat, les communes s’inquiètent de ne pas pouvoir boucler leur budget. Chaque ville a donc décidé de tailler dans les dépenses à sa façon pour rendre la cure de rigueur la moins douloureuse possible.

Comment faire passer la pilule des baisses de dotations de l'Etat aux collectivités territoriales ? C’est le défi ce mardi de Jean-Marc Ayrault qui reçoit à Matignon les dirigeants des associations d'élus (maires, présidents de conseils généraux et régionaux) pour discuter de ce que le gouvernement appelle le « pacte de confiance et de responsabilité ». Derrière ce pacte, en réalité, une baisse de 3 milliards d'euros de dotations en 2014 et 2015 qui provoque la colère des élus locaux. Selon les associations, cette baisse va entraîner une chute de l'investissement des collectivités territoriales de 5% en moyenne pour les grandes villes. Alors, chacun doit trouver une façon de limiter les dépenses, à sa façon, sans augmenter les impôts pour autant.

Carnaval, champagne et centre de vacances sacrifiés

A Melun, commune de 40 000 habitants de Seine-et-Marne, il n’y a pas de petites économies. « La ville possédait un centre de vacances en Loire Atlantique où on pouvait envoyer des colonies de vacances : il est fermé et mis en vente », raconte Gérard Millet, le maire UMP de la ville. Ensuite, il fallait faire en sorte que chaque dépense soit compensée : « Très récemment, on a mis en service un véhicule pour le service des sports. Mais comme il y a des hommes sandwichs, il peut y avoir des camions sandwichs. Cette fourgonnette est entièrement recouverte d’encarts publicitaires et ce véhicule ne coute rien à la ville. Lors des réceptions, au lieu de mettre du Champagne et du whisky, on mettra du cidre. Même si ça reste marginal, ce ne sera pas négligeable. On avait un budget de 100 millions d’euros, on sera cette année à 96 milliards », calcule le maire, qui a aussi décidé de réduire le carnaval et de faire financer le journal municipal à 100% par la publicité.

« Baisser la température des piscines d’un degré »

A Mulhouse, aussi, des mesures ont déjà été prises : baisse du budget transports, non-remplacement de départs à la retraite, des économies qui devraient rapporter au total 4,7millions d’euros. Parmi ces mesures, la décision de baisser la température de l'eau des piscines municipales fait débat, alors qu’elle plusieurs avantages pour Jean-Marie Bockel, président UMP de la communauté d'agglomération de Mulhouse. « Baisser la température d’un degré permettra non seulement de réaliser une petite économie, mais aussi d’avoir une situation plus saine sur le plan sanitaire et écologique. Il y a forcément des critiques, des gens disent avoir déjà senti le froid, alors que la mesure n’a pas encore été prise, donc il y a une dimension psychologique ». Et l’économie réalisée n’est pas une simple goutte d’eau dans la mer : « Ça fait 240 000 euros d’économie sur 4,7 millions, soit 5% de l’effort ».

M. Chaillot avec R. Dos Santos et T. Chupin