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Société

Parler de déflation en France est excessif

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Les prix n'augmentent que très peu. Certains commentateurs commencent déjà à parler de déflation, c’est-à-dire de baisse des prix, au risque de de retarder les achats potentiels des consommateurs.

Eurostat a annoncé une inflation en zone euro de l’ordre de 0,8%. Elle a baissé par rapport à la statistique précédente qui était de 0,9%. Par ailleurs, l'Insee a annoncé que les prix à la consommation n'avaient augmenté que de 0,7 % en 2013 après une hausse de 2 % en 2012.

Hors tabac, la hausse des prix à la consommation est plus modérée encore puisqu'elle n'est que de 0,6 %. Certains commentateurs commencent déjà à parler de déflation, c’est-àdire de baisse des prix. Le danger de la déflation est que si les consommateurs pensent que les prix vont baisser, ils retardent leurs achats, ce qui bloque la croissance. Mais nous n’en sommes pas là.

Les prix n'augmentent plus que très peu : comme disent les économistes, c'est la déflation.

Certains prix baissent en effet. D’abord c’est du fait de la baisse des coûts liés au progrès technique. En France, nous allons normalement payer la 4G au prix de la 3G : c’est une forme de baisse de prix due à l’évolution technologique. Cette baisse des coûts est répercutée vers le consommateur dans les secteurs fortement concurrentiels : ainsi le prix des télécoms a baissé de 10% en 2013. La concurrence fait son œuvre aussi dans la grande distribution dont les prix ont baissé de 0,2% en un an

Ensuite, l’énergie augmente peu (0,8%) grâce à la bonne tenue de l’euro par rapport au dollar. Tous ceux qui font régulièrement un plein d’essence doivent remercier l’euro fort.

Enfin certains prix baissent hors évolution technologique : c’est le cas de l’immobilier. Il faut préciser que cela intervient après une forte période de hausse.

Néanmoins il y a encore des prix qui augmentent, notamment dans l’alimentaire.

Parler de déflation est donc excessif. En fait, il y a en France chez certains une nostalgie de l’inflation. A. Bergeron, l’ancien leader de FO, disait que cela donnait du "grain à moudre". Quand les prix augmentaient, les salaires suivaient –plus ou moins- et cela donnait lieu à des négociations qui valorisaient les partenaires sociaux. Et puis l’inflation, c’est bien connu, efface les dettes.

Finalement, cette nostalgie est justifiée : l'inflation avait du bon.

Rares sont de fait les hommes politiques qui, comme Pierre Bérégovoy dans les années 80, ont défendu sans concession la désinflation. Bérégovoy rappelait que l’inflation efface certes les dettes mais aussi l’épargne et surtout la petite épargne, celle qui ne peut pas se protéger en augmentant les taux d’intérêt. On le voit avec le livret A dont les détenteurs ont souffert dans les années 70/80 et qui aujourd’hui ont une rémunération faible mais qui reste positive. On parle de réduire encore le taux d’intérêt sur ce livret mais symboliquement, on voit mal celui-ci descendre en dessous de 1%.

En fait il faut voir qu’inflation forte finit par signifier taux d’intérêt de plus en plus haut et faible inflation taux d’intérêt très bas – c’est le cas en ce moment. En outre, on le voit en cette période de soldes, la population cherche toujours à obtenir des prix les plus bas possibles : faible inflation signifie fort pouvoir d’achat. Quant au "grain à moudre", à l’époque même d’A. Bergeron, les syndicats disaient : "les prix et les salaires montent en parallèle mais les prix prennent l’ascenseur et les salaires l’escalier" ….

L'ennemi finalement, c'est l'inflation ou la déflation

Les deux : la bonne situation, c’est la stabilité des prix.

Jean-Marc Daniel