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Société

Paris : ouverture prochaine d'une « salle de shoot » expérimentale

Une première salle de shoot expérimentale devrait voir le jour en septembre 2013.

Une première salle de shoot expérimentale devrait voir le jour en septembre 2013. - -

En octobre dernier, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, espérait lancer en France l'expérimentation des salles de consommation de drogue « courant 2013 ». Son souhait vient d'être exaucé, une expérimentation va voir le jour à Paris.

Actuellement illégales en France, les salles de shoot sont destinées aux toxicomanes de rue. Elles doivent leur permettre de consommer leurs propres produits dans de bonnes conditions d'hygiène et sous supervision de personnels de santé. Mardi, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a donné son aval pour l’ouverture à Paris d’une première « salle de shoot » expérimentale. C'est la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et toxicomanies (Mildt) qui est chargée de la mise en place de cette expérimentation, avec le ministère de la Santé.

La 1ere expérience en septembre dans le 10e arrondissement de Paris

Aucun lieu ni calendrier n'a été précisé, mais selon les informations dont dispose RMC, la salle devrait voir le jour d'ici septembre dans le 10e arrondissement de Paris, aux abords de la gare du Nord. Elle pourrait recevoir 200 à 250 passages par jour et accueillerait des consommateurs de drogues par voie intraveineuse, mais aussi par inhalation, et refuserait les mineurs. Le coût de la salle est évalué entre 300 000 et 1 million d'euro.

« L’occasion d’améliorer la situation »

« C’est un endroit où on peut accueillir des usagers "à risque", assure le Docteur Thierry Brigaud, président de l'association Médecins du monde. Ils sont souvent jeunes et vivent à la rue ou dans des squats et s’injectent souvent n’importe où : dans la rue, dans les parkings. Donc une salle de consommation, c’est une bonne nouvelle pour ces patients qui sont loin des services de santé. C’est l’occasion d’éviter un certain nombre d’overdose. C’est aussi l’occasion d’améliorer la situation dans le quartier puisque les salles de consommation arrivent dans un endroit où il y a déjà des usagers. Donc ça les prend en charge et finalement, tout le monde est satisfait ».

« Une salle pour discuter avec des professionnels »

Les salles de shoot ne seront pas de simples locaux où les usagers pourront se droguer à leur guise. Médicalisées, les espaces de consommation permettront aux usagers de se reposer, mais également de discuter avec des professionnels. « Il faut que les salles de shoot soient au rez-de-chaussée afin que les usagers puissent rentrer et sortir facilement, estime Pierre Chappard coordinateur du Réseau Français de Réduction des Risques. Il faut qu’il y ait une grande salle d’accueil pour discuter avec les professionnels et se reposer. Il faut, à côté, la salle de consommation. A Genève, les usagers doivent prendre un ticket comme à la Sécurité sociale et ensuite, quand c’est leur tour, ils rentrent dans la salle, prennent le matériel à leur disposition, vont à leur poste et tout ça est supervisé par un professionnel qui leur dira ce qu’il faut faire et éviter les gestes délétères pour leur santé. »

Une première salle de shoot à Paris|||

Cette salle de consommation de drogues devrait donc s'installer aux abords de la gare du Nord, à Paris. Le maire (PS) du 10e arrondissement, Rémi Féraud, y est tout à fait favorable. Du côté de certains riverains et élus de l'opposition, on s'inquiète de voir s'ajouter de nouvelles nuisances dans un quartier déja très sensible.

Tugdual de Dieuleveult avec A. Rosique