Panne de croissance chez les émergents

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Les pays émergents sont à la peine. La traduction de leur difficulté est un ralentissement sensible de la croissance. La traduction la plus immédiate est la chute du taux de change de leur monnaie par rapport au dollar.
Mardi, la Turquie a quasiment doublé ses taux d’intérêt pour inciter les investisseurs à conserver de la livre turque et éviter une trop forte dévaluation. Derrière tout ce qui se passe, il y a un phénomène économique bien connu qui est qu’après la phase de décollage, toute économie passe par une phase d’inflation. C’est ce qui se passe en ce moment.
Les pays émergents que l'on nous donnait en exemple voire en modèle de croissance traversent une passe difficile.
C’est le moins que l’on puisse dire : la Chine pour laquelle on considérait que 10% de croissance était le taux normal a désormais une croissance qui tourne autour de 7%. Au Brésil la croissance ne dépasse guère les 2%. En Russie, on parle même de possible récession.
La cause fondamentale est le développement de l’inflation. La croissance antérieure de ces pays s’est faite beaucoup sur le crédit, l’endettement. Les banques ont prêté sans compter et maintenant que beaucoup d’argent a été distribué, on s’aperçoit que tous les projets mis en œuvre n’étaient pas pertinents. Trop d’argent, moins de production effective : tout naturellement l’inflation apparaît.
Quelles sont les conséquences de cette inflation ?
La première est que les populations qui perdent du pouvoir d’achat se révoltent. On l’a vu avec les émeutes au Brésil l’été dernier, on le voit avec les tensions récurrentes en Turquie, on le voit en Thaïlande.
La deuxième est que les investisseurs perdent confiance et quittent le pays. Ils vendent alors ce qu’ils détiennent pour obtenir des dollars, ce qui a comme conséquence de faire monter le cours du dollar, soit encore de faire baisser le taux de change de leur devise. En 2013, la roupie indienne a perdu 25% de sa valeur, le real brésilien 15%...Et ces baisses de taux de change augmentent les prix des produits importés, ce qui accentue l’inflation et la baisse de pouvoir d’achat.
La troisième est que pour inciter les investisseurs à rester, les autorités monétaires montent les taux d’intérêt. Mardi, la Turquie a fait passer son taux de référence de 7,7% à 12%. Cela pénalise l’activité générale.
Où allons-nous ?
C’est un peu la troisième phase de la crise mondiale d’endettement que nous connaissons depuis près de 10 ans. Après les dettes des ménages américains, puis celles des Etats européens, nous devons faire face à celles des entreprises des pays émergents.
La purge européenne est à peine terminée que nous allons subir les conséquences de la purge émergente…