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"On rigole bien": dans un Ehpad de Bourges, des résidentes font des millions de vues sur TikTok

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Des déambulateurs, des vidéos et des millions de vues: à l'initiative de deux aides-soignantes, les résidents de l'Ehpad Taillegrain de Bourges parodient des clips de rap sur TikTok, dans des ateliers festifs et thérapeutiques au succès improbable.

Avec déjà plus de 6 millions de vues, plus de 600.000 "J'aime" et près de 32.000 abonnés, le compte Tiktok de l'Ehpad du centre hospitalier de Bourges attire les internautes. Et la vidéo du jour, une parodie de La Kiffance du rappeur marseillais Naps, va continuer à alimenter le buzz.

"On a décidé de faire l'atelier pour changer un peu de l'ordinaire, le loto, la belote, etc", raconte Chloé Simonet, 24 ans, à l'initiative du projet. "Ca sert à stimuler la créativité, l'imagination, les fonctions cognitives."

"Ce n'est pas comme dans un centre de loisirs, il faut des animations utiles aux résidents", renchérit sa collègue Elodie Mandler, 31 ans. "Donc il y a des objectifs: stimuler les fonctions cognitives et motrices."

Dans les couloirs colorés de l'établissement, Edith et Annick arrivent à leur rythme dans la salle d'activités. Munies d'un téléphone fourni par la direction, les aides-soignantes passent la chanson par petits bouts. Il s'agit ensuite d'illustrer les paroles de façon comique.

"Je suis contente, ça me fait plaisir"

Les séquences s'enchaînent. Pour mimer la vitesse, on fait un passage en déambulateur. Pour un autre plan, il faut se relever et changer d'accessoire: ça fait beaucoup d'activité physique.

Il ne reste plus aux aides-soignantes qu'à rajouter un ou deux effets et à poster la vidéo. Quelques jours plus tard, La Kiffance fait plus d'un million de vues, moins que la reprise de Confessions nocturnes de Vitaa et Diam's et ses plus de 3 millions de visionnages.

"Tout me plaît, parce qu'on rigole bien et puis on fait participer les gens autour de nous", apprécie Annick Naboudet, 80 ans. "Je suis contente, ça me fait plaisir."

"J'espère durer le plus longtemps possible pour amuser tout le monde", plaisante-t-elle. "On aime ce qu'on fait."

"Montrer une autre image" des Ehpad

Si les vedettes du jour ont bien bougé et ri, l'atelier lancé en février revendique aussi des visées thérapeutiques.

"On a eu certaines critiques", regrette toutefois Elodie Mandler. "Ce n'est pas juste une animation comme ça, sur un coup de tête. Ça a mis un an à se mettre en place. C'est un projet réfléchi, qui a été présenté aux familles et en conseil de vie. Ce n'est pas fait n'importe comment."

Et le succès ne s'arrête pas aux réseaux sociaux. Au lancement, dix résidents sur les 40 du service s'étaient portés volontaires, d'autres s'apprêtent désormais à les rejoindre, assurent les deux jeunes femmes.

L'initiative pourrait même se répandre: les soignantes ont été contactées par d'autres établissements séduits par une démarche, à même de "montrer une autre image" des Ehpad

A.G avec AFP