Nuit de la solidarité: pourquoi compter les sans-abri?

Paris, Bobigny, Marseille, Lyon, Aix-en-Provence, Dunkerque, Arras... ce jeudi soir a lieu la Nuit de la solidarité dans plusieurs villes de France. Cette opération caritative, qui existe à Paris depuis 2018, permet de réaliser le décompte le plus précis possible du nombre de sans-abri. Pour la première fois, l'opération prend une dimension quasi-nationale avec la participation de 27 municipalités ce jeudi soir.
Dans chaque ville, des bénévoles et des travailleurs sociaux iront à la rencontre de ces personnes afin de "mieux connaître" leurs besoins. Les sans-abri sont invités à répondre à plusieurs questions via un questionnaire.
Pour la première fois, l'Insee va coopérer avec les agents et bénévoles mobilisés pour compter les sans domicile fixe. L'Institut national de la statistique et des études économiques, chargé du recensement pour le compte de l'Etat, va "mutualiser" ses efforts avec les 27 villes mobilisées dans cette opération. L'objectif est d'"obtenir un dénombrement fiable des personnes sans abri" et de "collecter des informations sur leurs caractéristiques socio-démographiques", des données qui peuvent manquer aujourd'hui dans le recensement global de la population.
Les données recueillies seront par ailleurs partagées par l'Etat, les mairies et les associations. "Avant on avait des désaccords, des nuances de chiffres" confie Léa Filoche, adjointe à la mairie de Paris en charge des solidarités, invitée de BFM Paris ce mercredi soir.
Adapter les dispositifs d'urgence
De manière plus concrète, ce constat de terrain permet par ailleurs aux autorités de développer des politiques publiques à destination de cette population et d’adapter les dispositifs d'urgence comme l'hébergement.
"On sait qu'il manque des places dans les centres d'hébergement puisqu'il y a des personnes qui sont à la rue aujourd'hui. Pour autant, notre objectif est d'affiner ce besoin" explique Sandrine Runel, adjointe à la ville de Lyon, chargée de la Solidarité, invitée de BFM Lyon ce jeudi matin.
À Lyon, la municipalité estime qu'entre 400 et 500 personnes vivent dans la rue. L'élue juge qu'il ne suffit pas seulement de trouver une place d'hébergement mais qu'il faut trouver un dispositif adapté. "Les gens qui sont à la rue le sont généralement depuis plusieurs années et n'ont pas envie d'un logement collectif" indique l'adjointe. "Nous devons construire des solutions avec elles".
Répondre aux besoins
Recenser les sans-abri permet également aux mairies, régions, opérateurs de transports et hôpitaux de répondre aux besoins des personnes souvent invisibles.
"Ça va permettre d'agir sur nos politiques municipales et donc notamment ce qui relève de nos compétences comme les accueils de jour, les bains douches, la bagagerie, pourquoi pas développer une épicerie sociale et solidaire comme nous allons le faire prochainement" détaille Sandrine Runel.
À Paris, les chiffres de la Nuit de la Solidarité ont permis de se rendre compte en 2018 que 14% des publics croisés étaient des femmes. "Ça nous a fait réfléchir sur nos propres politiques publiques, du coup on a travaillé à ce qu'une partie de nos bains-douches puissent avoir un créneau réservé pour les femmes" explique Léa Filoche.