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Nouveau record du nombre de détenus: 71.828 personnes incarcérées au 1er avril

Image d'illustration - Prison de la Santé, à Paris, le 12 avril 2019

Image d'illustration - Prison de la Santé, à Paris, le 12 avril 2019 - Stéphane De Sakutin - AFP

Le dernier record date du 1er décembre 2018, 71.061 prisonniers avaient alors été recensés dans les prisons françaises.

Un record qui ne cesse d'être battu. Le nombre de détenus dans les prisons françaises a atteint un nouveau record en mars, avec 71.828 personnes incarcérées au 1er avril, selon les statistiques mensuelles de l'administration pénitentiaire publiées mardi par le ministère de la Justice. 

Le précédent record avait été établi au 1er décembre, avec 71.061 prisonniers. Les prisons françaises souffrent d'une surpopulation chronique depuis des années, une situation que le gouvernement tente de résoudre avec la création de 7000 nouvelles places d'ici 2022 et une redéfinition de l'échelle des peines.

Une surpopulation carcérale de 117,7%

La surpopulation carcérale est actuellement de 117,7%, atteignant même 200% ou plus dans sept des 188 établissements pénitentiaires. Et plus de 1.600 prisonniers dorment sur un matelas posé au sol, selon les données statistiques de l'Administration pénitentiaire publiées mardi, les dernières qui seront publiées mensuellement.

"Disposer d'une analyse statistique avec un recul sur plusieurs mois permettra une meilleure lecture de l'évolution de la population carcérale", a justifié le ministère de la Justice, qui passera à une publication trimestrielle en juillet. Un "changement de politique" notamment décrié par l'Observatoire international des prisons (OIP), qui a évoqué sur Twitter un "cache-misère".

Ces dernières années, le nombre de prisonniers n'a cessé d'augmenter, passant en seulement dix ans de plus de 63.000 à près de 72.000 aujourd'hui. Les prisons comptaient 48.000 détenus en 2001.

En avril 2018 était franchie la barre symbolique des 70.000 détenus et leur nombre n'est plus repassé en dessous de ce seuil, même en période estivale où l'activité judiciaire est traditionnellement ralentie et le nombre de placements en détention moindre. Les records se sont depuis succédé et la densité carcérale - la différence entre le nombre de détenus et les places opérationnelles - reste depuis un an au-delà des 116%, malgré la réouverture de la prison parisienne de la Santé.

Faire baisser de 30% le nombre de prévenus

Éradiquer cette surpopulation carcérale est l'objectif de la réforme de la justice portée par la garde des Sceaux Nicole Belloubet, qui tend à supprimer la détention pour les peines les plus courtes tout en prévoyant la construction de 7.000 places de prison en cinq ans.

Les principales dispositions de cette nouvelle loi, promulguée le 23 mars, ne seront toutefois applicables qu'à partir de mars 2020. Pour relever ce "défi", Nicole Belloubet veut promouvoir une forme de "régulation carcérale" qui a pour but d'éviter de dépasser un taux d'occupation de 100%.

La ministre souhaite faire baisser la part de près de 30% de prévenus parmi les détenus, c'est-à-dire ceux qui n'ont pas encore été jugés, en développant "l'assignation à résidence sous surveillance électronique au moment du renouvellement de la détention provisoire".

Nicole Belloubet a par ailleurs annoncé lundi, lors de l'ouverture d'un colloque sur "l'équilibre des peines" organisé par l'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ), avoir retenu "onze sites" à forte surpopulation pour savoir quels détenus sont éligibles à une sortie anticipée.

En septembre 2018, Nicole Belloubet assurait que la redéfinition de l'échelle des peines de la réforme permettrait d'aboutir en un an à une réduction "d'environ 8.000" détenus. La contrôleure générale des prisons et des professionnels de la justice jugent au contraire que les mesures de la réforme produiront l'effet inverse et feront gonfler un peu plus la population carcérale. 

Salomé Vincendon avec AFP