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Neige livrée par hélicoptère: derrière la polémique, la réalité économique et climatique des stations de ski

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Pour de nombreux responsables d'associations, cette scène reste marginale, mais elle illustre une réalité qui met en péril l'existence de nombreuses stations de ski.

L’initiative n’a été que très modérément appréciée par la ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, et a également créé une polémique sur les réseaux sociaux.

Le week-end passé, avec l’aval du Conseil général de Haute-Garonne, la station de ski Luchon Superbagnères s’est fait livrer 50 tonnes de neige par hélicoptère. Une livraison qui a été pointée du doigt pour son empreinte carbone importante, en cette période de volonté de transition écologique.

"C'est vraiment exceptionnel et nous n'avons aucune intention de le reproduire. On n'a pas eu le choix cette fois-ci", soulignait Hervé Pounau, directeur du syndicat mixte qui regroupe trois stations dans le département, dont celle de Luchon-Superbagnères.

Malgré ces explications, Elisabeth Borne a décidé de convoquer ce jeudi des représentants de stations de ski afin d’évoquer le sujet.

"Je n'ai jamais vu ça"

Contacté par BFMTV, Charles-Ange Ginesy, président de l’ANMSM (Association Nationale des Maires de Stations de Montagne), assure également de son côté que cette méthode reste marginale.

"J’ai été maire dans les Alpes-Maritimes (de Péone, ndlr), et je n’ai jamais vu ça. Dans notre association, la règle est de ne pas utiliser ce type de transports qui est catastrophique en terme d’image"; détaille-t-il.

D’autant que pour celui est désormais président du Syndicat Intercommunal de Valberg, il existe "d’autres solutions" pour pallier le manque de neige en cette période de vacances d’hiver.

"Nous avons du matériel d’enneigement et de déneigement et puis nous utilisons l’huile de coude. Il existe certaines situations compliquées dues au passage des skieurs par exemple. Notre règle est de ne pas utiliser cette méthode, mais ici une exception a dû être faite", souligne-t-il, dénonçant une polémique sur les réseaux sociaux qui "va à l’envers de ce que nous cherchons à faire."
"La grande majorité des maires est responsable et sensible à l’environnement", martèle-t-il encore.

Réalité climatique et réalité économique

Car la situation de nombreuses stations de ski reste compliquée. Réalité climatique oblige, l’enneigement est au plus bas dans certaines régions, au point de mettre en péril l’économie locale.

"Cette décision (d’utiliser l’hélicoptère, ndlr) a été prise de manière à ce que les vacanciers puissent profiter de leur séjour. Il y a des emplois, des salaires, et très peu d’équilibre", s'inquiète encore Charles-Ange Ginesy.

Dans sa réflexion, il est rejoint par Laurent Reynaud, délégué général de Domaines skiables de France, qui, sur les ondes de RTL, avait également évoqué l’économie locale.

"Il y a 10 millions de personnes qui viennent chaque hiver dans nos stations françaises, et puis nous sommes là pour faire vivre des territoires", détaillait-il.

Récemment, les exemples de stations de ski impactées par un mauvais enneigement se sont multipliés. Rien que pour cette semaine, la station de ski de Chalmazel dans la Loire a été fermée jusqu'à nouvel ordre, informe Le Progrès, alors que dans les Hautes-Alpes, Céüze fermait définitivement ses portes après un siècle d'existence, rapporte 20 Minutes.

Reconversion des stations

En ce qui concerne la réunion de ce jour avec la ministre, Charles-Ange Ginesy attend quelques avancées, notamment financières.

"Il y a un blocage au niveau du FPIC (Fonds national de péréquation des ressources intercommunales et communales, ndlr), qui prend de l'argent aux stations les plus 'riches'. Si l'Etat pouvait nous aider à ce niveau de péréquation, c'est-à-dire prendre moins d'argent, cela pourrait nous aider dans la reconversion des stations."

Depuis la loi de finance de 2011 et la disparition de la taxe professionnelle, certaines communes et intercommunalités sont en partie financées par un fond de péréquation horizontale qui fonctionne sur la redistribution vers des blocs communaux au potentiel financier peu important.

En attendant, plusieurs stations de ski tentent désormais de se reconvertir en "stations de montagne" afin d'accueillir des touristes tout au long de l'année, y compris durant l'été et le printemps.

Hugo Septier