Nantes: un campement de migrants a été évacué ce matin

Le tribunal administratif de Nantes avait ordonné mercredi l'évacuation de ce campement, où s'étaient réfugiés dans plus de 280 tentes des mineurs isolés, des femmes isolées avec des bébés et une famille. - Sébastien SALOM GOMIS / AFP
Plus de 450 personnes ont été évacuées lundi matin d'un campement de migrants installé depuis plus d'un mois dans un square du coeur de Nantes, qui présentait pour les autorités des risques "élevés" en terme de santé et de salubrité publiques.
L'opération a débuté vers 08h15, avec la mise en place d'un dispositif policier tout autour du square Daviais, situé près de la très centrale place du Commerce. Les migrants ont progressivement quitté les lieux dans la matinée, sans précipitation, après avoir reçu un papier leur signifiant leur évacuation, emportant avec eux quelques effets personnels mais laissant tentes et matelas.
Au total, 455 personnes ont été évacuées, a indiqué la préfecture de Loire-Atlantique.
"L'objectif de cette expulsion est de mettre fin à une situation présentant des risques élevés pour la santé et la salubrité publiques", souligne dans un communiqué la préfecture de Loire-Atlantique, qui avait demandé en urgence l'évacuation de ce campement.
Un important dispositif policier avait été mis en place vers 08h15 tout autour du square, situé en plein coeur de Nantes.
Mise en place d'un guichet pour examiner la situation des personnes migrantes
Des bulletins en français, anglais et arabe ont été distribués aux personnes migrantes, originaires essentiellement du Soudan et d'Érythrée, les invitant à se rendre dans un guichet unique d'accueil temporaire, pour y faire examiner leur situation par les services de l'État.
Les occupants du square ramassaient leurs affaires et dépliaient leurs tentes dans le calme, se dirigeant sans précipitation vers la salle de la ville où est installé ce guichet.
La mairie avait refusé il y a une semaine de demander l'évacuation
Face à la situation sanitaire "préoccupante" de ce campement concentré dans un petit jardin public, avec un seul point d'eau et un seul sanitaire, et où la présence de rats et des cas de gale ont été signalés, des associations et la ville de Nantes en avaient appelé à l'État.
La mairie avait refusé il y a une semaine de demander l'évacuation, estimant que l'accueil des migrants doit être "digne et organisé" et annonçant qu'elle se mobilisait "aux côtés de celles et ceux qui cherchent des solutions".
Saisi par la préfecture de Loire-Atlantique après le refus de la ville, le tribunal administratif de Nantes avait ordonné mercredi l'évacuation "sans délai" de ce campement, où s'étaient réfugiés dans plus de 280 tentes des mineurs isolés, des femmes isolées avec des bébés et une famille.
En milieu de matinée, le dispositif policier autour du square Daviais avait été considérablement allégé. Des militants associatifs s'employaient à replier les tentes et à regrouper matelas et duvets. Des sacs avec des affaires et du linge séchant sur des panneaux en bois ont été abandonnés sur place.
Les conditions de salubrité seraient la cause de l'évacuation
"Les conditions de santé et de salubrité publique restent particulièrement dégradées sur le site", avait estimé le juge des référés de la juridiction administrative, s'inquiétant notamment du "petit espace" où les personnes migrantes "n'ont accès, en pleine chaleur, qu'à un seul point d'eau et un seul sanitaire".
"On les invite à aller dans un lieu mais il n'y aura pas de place pour tout le monde", a déploré sur place une membre d'un collectif de soutien aux migrants.
La préfecture a promis la mise à l'abri des "personnes les plus vulnérables" et celle des demandeurs d'asile "dans la limite des places disponibles".
Un dispositif d'accueil saturé en région Pays de la Loire
La préfecture a promis la mise à l'abri des "personnes les plus vulnérables" et celle des demandeurs d'asile "dans la limite des places disponibles", le dispositif d'accueil "étant actuellement saturé en région Pays de la Loire", et particulièrement à Nantes où les demandes d'asile ont augmenté de 28% en un an, là où d'autres grandes villes ont enregistré des baisses.
La préfecture avait annoncé le semaine dernière avoir trouvé "90 à 100 places" d'hébergement d'urgence dans toute la région. Dans un communiqué lundi, la préfecture indique avoir mobilisé des places "sur l'ensemble du territoire national".
Entre "faux espoir" et "retour à la case départ"
Ils ont été "priés de se rendre au guichet unique en leur donnant un bout de papier, qui est un faux espoir parce qu'ils ne sont pas sortis de cette galère", a estimé François Prochasson, membre d'un collectif de soutien aux migrants.
"Pour l'instant, la préfecture a promis une centaine de places, ce qui veut dire qu'il y aura au moins 300 personnes qui vont dormir à la rue ce soir, sans tente. Ils vont s'installer ailleurs, dans un autre jardin public et on n'aura rien résolu. (...) C'est retour à la case départ", a-t-il déploré.
"Je n'ai rien, donc je ne peux rien faire. Je suis juste quelqu'un sans espoir, faible. Donc je fais ce qu'ils veulent que je fasse et s'ils veulent que je dorme à la rue, je dormirai à la rue", a témoigné en anglais un Soudanais lors de son évacuation du square Daviais.