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Société

Mort d'enfants sans-abri: "Leurs parents sont impuissants"

Une enfant de la communauté rom dans la banlieue de Lyon, dans un camp insalubre démantelé depuis.

Une enfant de la communauté rom dans la banlieue de Lyon, dans un camp insalubre démantelé depuis. - Martin Bureau - AFP

L'an dernier, au moins quinze enfants vivant dans la rue sont morts, selon le collectif Les morts de la rue. Son président confie son désarroi.

Le chiffre est glaçant: parmi les sans-abri morts l'an dernier, au moins quinze d'entre eux n'étaient que des enfants. Moyenne d'âge: 4 ans. Origine: rom pour dix d'entre eux. Lieu de vie: la rue ou les bidonvilles en périphérie des villes. Un constat insupportable pour Christophe Louis, président du collectif Les morts de la rue, qui appelle à un sursaut des autorités.

La mort d'enfants SDF est-elle un phénomène nouveau?

Ce qui est nouveau, c'est un tel nombre de morts. D'habitude, les victimes de la rue ont en moyenne 50 ans, et 1 à 2 enfants meurent chaque année. Là, nous en avons comptabilisé 15, c'est un chiffre impressionnant. Pour beaucoup, ce sont des enfants Roms, qui vivent dans la rue ou dans des bidonvilles. Où se trouve la Protection de l'enfance pour eux? Il faut croire qu'ils sont considérés comme une sous-population puisqu'ils n'ont pas les mêmes droits.

De quoi sont morts ces enfants?

Ils ne sont pas morts ni de faim ni de froid, car leurs parents arrivent à empêcher cela. Neuf d'entre eux ont péri dans des accidents, car ils sont souvent livrés à eux-mêmes dans des zones dangereuses, comme les bordures d'autoroute. Une des petites victimes était une fillette de 7 ans. Elle est morte dans un incendie car les adultes avaient laissé des bougies allumées pour faire fuir les rats. En tombant, l'une des bougies a mis le feu au camp. Dans une zone salubre, ça ne serait pas arrivé.

Ces enfants arrivent-ils à être en bonne santé? 

Ils n'ont aucun suivi médical, et au niveau de la santé, leurs parents sont impuissants. Ils vont aux urgences quand il se passe quelque chose de grave, mais pour les bobos de tous les jours, ils n'ont pas de soins. Parmi les enfants morts, cinq étaient des nouveaux-nés, dont les mères ont eu des grossesses non suivies. Leurs décès auraient pu être évités.

Y-a-t-il des services de l'Etat qui s'occupent de ces enfants?

Pas vraiment, car les familles de ces enfants n'ont pas de domiciliation fixe, donc pas d'inscription à l'école, d'aides sociales, et de suivi. Les associations tentent tant bien que mal de venir en aide à ces familles, mais les démantèlements des camps sont si nombreux qu'ils perdent la trace de ces gens à chaque fois et recommencent à zéro.

Quelle solution proposez-vous?

Il faudrait que les départements et les collectivités interviennent et mettent à l'abri les familles avec des enfants. Mais puisque le logement est en crise et que l'on manque de place disponible, il faudrait dans un premier temps les stabiliser temporairement dans les camps où ils s'installent, en permettant un minimum d'hygiène, pour qu'un accompagnement soit possible.