Montpellier: des étudiants expulsés de la fac par des hommes "cagoulés" et "armés de bâtons"

(Photo d'illustration) - FRED TANNEAU / AFP
Des hommes cagoulés ont violemment expulsé, comme l'ont montré des vidéos diffusées sur des pages Facebook et relayées par la LDH, dans la nuit de jeudi à vendredi des étudiants qui occupaient un amphithéâtre de la faculté de droit de Montpellier, suscitant de nombreuses condamnations et l'ouverture d'enquêtes judiciaire et administrative. Le parquet de Montpellier "a ouvert une enquête pour des faits de violences en réunion et avec arme", a indiqué le procureur de la République de Montpellier Christophe Barret, précisant que cette enquête "visait également l'intrusion".
La ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal "a été informée de l'intrusion, au cours de la nuit, de plusieurs individus au sein de la faculté de droit de l'université de Montpellier", indique un communiqué du ministère précisant que "ces individus encagoulés ont commis des violences sur plusieurs personnes qui étaient présentes". La ministre a condamné "avec la plus grande fermeté ces actes de violence" et souhaité que "toute la lumière" soit faite. Elle a, à cet effet, "missionné immédiatement l'Inspection générale de l'administration de l'Education nationale et de la Recherche (IGAENR) afin qu'elle se rende sur place dès lundi", indique le communiqué.
Le doyen de la faculté de droit nie être à l'origine de l'intrusion
Frédérique Vidal prendra par la suite "l'ensemble des décisions qui s'imposent, en engageant le cas échéant des poursuites judiciaires", précise encore le texte. Cette intrusion avait été dénoncée vendredi matin par la Ligue des droits de l'Homme et par des syndicats, qui ont évoqué "plusieurs blessés" parmi les étudiants. Le président de l'université, Philippe Augé, a de son côté annoncé à la mi-journée la fermeture de la faculté jusqu'à lundi matin et dit avoir déposé plainte contre X "afin que toute la lumière soit faite sur les événements".
"Parmi les personnes cagoulées, oui, c'est possible qu'il y ait eu un prof de droit", a réagi le doyen de la faculté de droit, Philippe Pétel, auprès de CheckNews, le site de fact checking de Libération. "Il y a un groupe de gens de droit qui étaient opposés à l'occupation de la fac", ajoute-t-il, assurant ne pas avoir vu la scène de l'amphithéâtre et ne pas être "à l'initiative de la venue de ces hommes en noir", comme certains étudiants l'en accusent. Interrogé par France 3, assurant que "tous les étudiants de la faculté de droit" étaient contre l'occupation, il n'a pas hésité cependant à dire devant le micro de France 3: "Ils ont voulu se défendre et je ne peux pas les en blâmer. (…) Moi, je suis assez fier de mes étudiants, je les approuve totalement."
Un rassemblement de protestation
Contactée par l'AFP, la préfecture parle de son côté "d'échauffourées entre étudiants" à l'intérieur de la faculté, précisant que la police était intervenue à l'extérieur dans le cadre d'un "trouble à l'ordre public" et pour prendre en charge trois blessés. Sollicités également par l'AFP, le rectorat et l'université de Montpellier n'avaient pas réagi à ce stade.
A la mi-journée, un rassemblement de protestation devant les grilles baissées de la faculté de droit, à deux pas du rectorat, a réuni plusieurs centaines d'étudiants. Au micro, des intervenants ont réclamé "le droit de manifester une opposition sans se faire agresser" et mis en cause le rôle "du doyen (de la faculté de droit) et ses sbires".
Mobilisés contre la sélection à l'Université
Dans un communiqué conjoint, des organisations syndicales parmi lesquels la CGT, FO, la FSU et Solidaires, avaient plus tôt dit avoir "appris avec consternation l'intervention d'un groupe de nervis cagoulés contre des étudiants occupant un amphithéâtre de l'UFR de droit et science politique, dans le cadre de la mobilisation contre la sélection à l'Université et la réforme du bac, pour le retrait de la loi ORE".