Migrants: 48.000 personnes placées en centre de rétention en 2015, une "pratique démesurée"

Un centre de rétention à Marseille le 31 décembre 2014. - Anne-Christine Poujoulat - AFP
Les associations dénoncent un usage "banalisé" de la rétention administrative des migrants. Selon un rapport publié mardi par cinq associations habilitées à se rendre en centre de rétention (Assfam, Forum-Réfugiés-Cosi, France Terre d'Asile, la Cimade et l'Ordre de Malte), 48.000 personnes ont été concernées par la mesure en 2015, "des pratiques démesurées".
Cet "usage de l’enfermement touche même des personnes particulièrement vulnérables: enfants, personnes malades, demandeurs d’asile, femmes enceintes ou victimes de traite des êtres humains", pointe les associations habilitées à intervenir en centre de rétention administrative (CRA).
La rétention pour "faire baisser la pression" à Calais
"La rétention c’est une privation de liberté qui peut durer jusqu’à 45 jours à des fins d’éloignement du territoire", rappelle Pierre Henry, le porte-parole de l'association France terre d'asile.
A Calais, "plus de 1.100 personnes, pour la plupart inexpulsables, ont été acheminées de force pour être enfermées illégalement dans des centres de rétention très éloignés du calaisis", fin 2015, dénonce le rapport.
"La grande majorité étaient syriens, irakiens, afghans, soudanais ou encore érythréens, pouvant prétendre à une protection internationale. La quasi-totalité de ces hommes et de ces femmes ont été libérés au bout de quelques jours, par la préfecture elle-même ou par les juges, avant de reprendre le chemin de Calais".
Plus de 3.400 migrants étaient installés dans la jungle de Calais, avant leur évacuation. La rétention a été utilisée pour "faire baisser la pression sur Calais et éloigner les gens", estime Pierre Henry.
Les Albanais, premiers expulsés de France
Analysant aussi les chiffres de l'expulsion, les associations pointent la forte proportion d'Albanais parmi les reconduites à la frontière. En 2015, 1934 Albanais ont été expulsés de France, ce qui en fait la première nationalité hors UE, devant les Tunisiens et les Algériens.
La situation est aussi préoccupante à Mayotte, selon les associations. Près de 4.300 enfants y ont été placés en rétention, contre 105 en métropole.