BFMTV
Société

Menton: une oeuvre d'art anti-IVG fait polémique à la Biennale d'art contemporain sacré

La sculpture intitulée "Notre Dame des Innocents" de Daphné du Barry.

La sculpture intitulée "Notre Dame des Innocents" de Daphné du Barry. - Planning familial des Alpes-Maritimes

Une statue de bronze exposée devant un hôtel de Menton dans le cadre d'une exposition d'art crée des remous dans la ville. Le planning familial réclame son retrait de l'espace public, alors qu'elle est soupçonnée de promouvoir des positions anti-avortement.

Une gigantesque statue de la Vierge en pleurs, aux pieds de laquelle gisent sept bébés morts. La sculpture en bronze, intitulée "Notre-Dame des Innocents", est exposée dans l'un des jardins du Grand Hôtel des Ambassadeurs de Menton, transformé en galerie d'art dans le cadre de la Biennale d'art contemporain sacré.

Mais l'oeuvre, présentée lundi, est vivement critiquée dans la ville des Alpes-Maritimes, rapportent nos confrères de Franceinfo. Cette sculpture qui s'avère être une commande de la directrice de l'hôtel des Ambassadeurs est accusée d'être profondément anti-IVG.

"Un enfant est un don de Dieu"

En effet, l'artiste néerlandaise admet que sa sculpture entend symboliser "l'amour de la vie". Sur la sculpture, certains des bébés sont représentés avec leur cordon ombilical; et le carton de présentation de l'oeuvre indique que celle-ci a pour "vocation" d'aider "les femmes qui ont avorté et se repentent (...) les familles qui ont des problèmes avec leur progéniture", afin que celles-ci "trouvent dans cette Vierge de l'écoute, de l'affection et du pardon."

"Un enfant est un don de Dieu. La Vierge pleure car apparemment ces enfants n'ont pas vu le jour", déclare à Franceinfo Daphné du Barry, expliquant avoir "créé ce monument pour faire une prise de conscience". "J'ai simplement voulu rendre un témoignage de la beauté que représente la vie et combien d'enfants non-nés auraient pu être des génies", se défend-t-elle. 

Un "prétexte à culpabiliser les femmes"

Le planning familial du département des Alpes-Maritimes condamne vivement le message sous-entendu par cette oeuvre. "Comment l'art sert de prétexte à culpabiliser les femmes", écrit le mouvement associatif sur son compte Facebook.

"Ça participe de l'ambiance générale qui vise à culpabiliser les femmes qui avortent, or l'avortement est un droit fondamental dont on peut user ou pas, mais dont chacune doit être préservée", ajoutent les militantes interrogées par France 3.

Claire Morracchini, coordinatrice du planning familial de Menton, a par ailleurs fait savoir à nos confrères qu'elle allait réclamer par courrier au maire de Menton le retrait de l'immense sculpture de l'espace public, car celle-ci est visible depuis la rue. La directrice de l'Hôtel, fervente catholique selon la chaîne, prévoirait de laisser la statue en place devant son établissement en vue d'en faire "un lieu de pèlerinage pour les personnes essayant d’avoir un enfant ou ayant des difficultés avec leur progéniture."

Jeanne Bulant