Mediapart : la personnalité de Bachir Saleh en question

Nicolas Sarkozy - -
« Ce document est un faux grossier (...) tout simplement parce que les deux personnes en Libye censées avoir envoyé ce document et le recevoir l'ont démenti », c’est ainsi que Nicolas Sarkozy balaye les accusations de Mediapart qui a publié une note censée provenir des services secrets libyens. Dans cette note, le site d’information y voit une preuve de la volonté de l’ancien dictateur libyen de financer la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Dès dimanche, un ancien haut responsable libyen, Bachir Saleh, ancien directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, démentait cette information. Lundi, le parquet annonçait l’ouverture d’une enquête préliminaire.
Sur RMC/BFMTV ce mardi, Nicolas Sarkozy a assuré que l'ex-dignitaire libyen proche du colonel Kadhafi, Bachir Saleh, qui se trouve actuellement en France, serait arrêté «s'il est recherché par Interpol», précisant que Bachir Saleh était visé « sous un autre nom » par Interpol. « Nous travaillons main dans la main avec les autorités libyennes, si Bachir Saleh est recherché par Interpol, il sera livré à Interpol », a affirmé Nicolas Sarkozy sur RMC/BFMTV, ajoutant que le ministère de l'Intérieur et le Quai d'Orsay vérifiaient qu'il était bien la personne visée par Interpol.
Bachir Saleh, polémique autour d’un homme
C’est la personnalité de Bachir Saleh qui désormais fait polémique au sein de cette affaire de financement de campagne. Qui est cet homme ? C’est l’ancien directeur de de cabinet de Kadhafi. Il est également ancien président d’un fonds d’investissement libyen en Afrique. L’homme de 65 ans est considéré, en fait, comme l’ex-trésorier du régime. Actuellement, il serait en France selon Claude Guéant. Entre la France et le Niger a précisé François Fillon. Quelque part en Europe mais en situation régulière, explique son avocat. Bachir Saleh serait également visé par un mandat d’arrêt pour fraude à la demande de la Libye. Ce mandat serait assorti d'une note rouge d'Interpol, mais pas de mandat d'arrêt international, donc pas d’obligation de l’arrêter.
Les derniers signes de vie de Bachir Saleh remontent à dimanche lorsque dans un communiqué il a démenti la moindre participation à un financement occulte de la campagne de Nicolas Sarkozy. Selon l’avocat de Bachir Saleh, Maitre Marcel Ceccaldi, son client n’est pas « protégé par la France ». Mais la France ne peut pas « l’envoyer en Libye ou sa vie serait en danger », ce serait « contraire à toutes les règles ».
« Une protection en contrepartie de ses bons offices »
Selon Antoine Vitkine, réalisateur du documentaire "Kadhafi Mort ou vif" qui sera diffusé sur France 5 le 8 Mai à 20h35, Bachir Saleh aurait négocié son exil avec les français juste avant la chute de Tripoli fin août 2011 : « Le président de la République dit à Bachir Saleh : "dites à Kadhafi que s’il cesse les combats et accepte un exil dans un pays dans lequel il aurait la vie sauve, eh bien on garantira cet accord, on garantira son exil, on garantira sa vie sauve et puis comme ça une solution politique sera trouvée et on arrêtera les combats". L’objectif était tout à fait rationnel et utile. J’interprète ça comme une protection qui lui est donnée en contrepartie de ses bons offices d’intermédiaire pendant la guerre ».
« Une incohérence fabuleuse »
Fabrice Arfi est journaliste à Mediapart. Pour lui Bachir Saleh est au cœur des interrogations : « Nous avons militairement aidé un pays à se libérer. Cette Libye libre réclame Bachir Saleh pour des faits de corruption, d’escroquerie sur des délits financiers. Voilà la France, « libératrice » de la Libye, qui au lieu de donner Bachir Saleh au pays qu’elle a libéré, le garde en France. Il y a là, une incohérence fabuleuse et on peut, peut-être, comprendre pourquoi Bachir Saleh démente le document que nous avons publié ».