Maternité d'Orthez: l'anesthésiste maintenue en détention provisoire

La maternité d'Orthez, où la maman avait décidé d'accoucher. - Gaizka Iroz - AFP
La justice a rejeté jeudi la demande de remise en liberté de l'anesthésiste belge Helga Wauters, placée en détention provisoire après la mort d'une patiente trois jours après sa césarienne à Orthez, près de Pau, et qui a admis avoir bu le soir du drame.
Helga Wauters, 45 ans, qui n'était pas présente lorsque la décision a été rendue par la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Pau, a été mise en examen pour "homicide involontaire aggravé", passible de cinq ans d'emprisonnement. Elle avait été incarcérée le 2 octobre à la maison d'arrêt de Pau.
"C'est un soulagement de la savoir en détention, une décision normale dans la mesure où il fallait protéger d'autres victimes" potentielles "et la protéger d'elle-même", a estimé Me Philippe Courtois, avocat de la mère, du père et de la soeur de la victime d'origine britannique.
"De la vodka pour ne pas trembler"
Durant ses auditions, Helga Wauters a reconnu "avoir bu" le soir des faits: "une demi-bouteille d'un mélange de vodka et d'eau de 50 cl" car il lui "faut de la vodka pour ne pas trembler". "Je n'étais pas ivre, j'étais à 70% de mes capacités", avait-elle affirmé, expliquant avoir consommé sa dose quotidienne habituelle d'alcool le 26 septembre à 18 heures, quelques heures seulement avant l'accident.
Ce soir-là, elle a la charge d'une parturiente de 28 ans vivant à Ustaritz, dans les Pyrénées-Atlantiques, mais souhaitant accoucher à Orthez, à 85 km de son domicile, par des méthodes naturelles. La parturiente a cependant besoin d'une péridurale qu'Helga Wauters lui prodigue avant de sortir boire "un verre de rosé" chez des amis. Mais l'accouchement se passe mal et une césarienne devient nécessaire. L'équipe médicale appelle au téléphone l'anesthésiste, qui arrive à pied et sent l'alcool. Alors qu'elle prépare l'anesthésie générale de la patiente, son comportement et son élocution paraissent étranges à ses collègues. "J'étais dans un état second, débordée, ma perception était certainement modifiée", avouera Helga Wauters.
Des erreurs en série
La situation tourne vite au drame: au lieu de se servir du respirateur du bloc opératoire, l'anesthésiste utilise un ballon manuel pour ventiler sa patiente, elle intube les voies digestives au lieu des voies respiratoires. Selon les témoignages cités par la Cour, l'obstétricien qui a la responsabilité de l'accouchement demande alors l'intervention d'un autre anesthésiste, mais aucun remplaçant n'est disponible. Prévenu, le Samu découvrira à son arrivée "une patiente en arrêt cardiaque, cyanosée, et des personnes sur place qui restent inactives". Les secours la raniment et la transfèrent en urgence à Pau, où elle décède le 30 septembre. Son bébé est sain et sauf.