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Société

Mariages forcés: vers une protection renforcée des victimes

Les familles profitent souvent des congés scolaires pour emmener leur enfant se marier à l'étranger.

Les familles profitent souvent des congés scolaires pour emmener leur enfant se marier à l'étranger. - -

Un rapport remis au gouvernement ce lundi émet 15 recommandations pour améliorer les droits des femmes étrangères en France. En ligne de mire, les mariages forcés, qui menacent aussi de jeunes Françaises.

En France, 70.000 jeunes filles sont potentiellement menacées de mariage forcé. Dans un rapport remis au gouvernement ce lundi 8 juillet, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) présente 15 recommandations pour protéger les droits des femmes étrangères en France, notamment contre la pratique des unions imposées. Elle conseille de renforcer les "actions préventives afin de détecter et rendre nuls les mariages forcés".

Sensibiliser les jeunes et les professionnels

Ce travail de sensibilisation permettrait de sauver nombre de jeunes victimes, selon Isabelle Gillette-Faye, Directrice de la Fédération nationale GAMS qui lutte contre les violences faites aux femmes. "Il faut aller plus loin dans la prévention, notamment en s’adressant aux jeunes. Parce qu’à partir du moment où la situation est repérée et signalée, on a les outils administratifs et judiciaires performants pour protéger les mineurs et empêcher un éventuel départ".

En plein été, cette vague de communication est bienvenue. Car les familles profitent souvent des vacances scolaires pour emmener l’enfant ou le jeune adulte dans leur pays d’origine. Parfois séquestrées et violées, privées de leurs papiers, les victimes sont alors désarmées face à la situation.

Des victimes "mises à mal"

Les autorités françaises semblent vouloir prendre le problème à bras le corps. En parallèle du rapport de la CNCDH, un projet de loi actuellement en discussion au Parlement durcit les sanctions pénales. Le fait de tromper quelqu’un pour l’emmener à l’étranger subir un mariage forcé pourra être puni de 3 ans de prison et de 45.000 euros d’amende.

Une justice mieux formée à cette problématique et moins intransigeante, c’est aussi ce que demandent les associations. Pour Isabelle Gillette-Faye, jusqu’à présent "les victimes sont plutôt mises à mal". "Parfois, quand un parent dit "ça se passe comme ça chez moi", certains juges ont tendance à oublier que les règles qui doivent s’appliquer sont celles du droit français, indépendamment des origines de la personne. Si la culture des parents peut être une circonstance atténuante, elle n’enlève rien au préjudice subi", estime la responsable associative.

Pour les jeunes filles, mais aussi plus rarement les jeunes hommes concernés, il existe des moyens de se protéger. Prévenir le commissariat, appeler des organismes spécialisés, ou encore composer les numéros d’urgence (3919 pour les femmes, 119 pour les mineurs).

Souen Léger