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Mariage: après plusieurs reports, ils vont enfin se dire "oui"

Photo d'illustration d'alliances

Photo d'illustration d'alliances - AFP

Depuis quelques jours, les couples peuvent de nouveau se marier. Pour certains, c'est un soulagement après avoir reporté la noce à plusieurs reprises.

Depuis le 19 mai, les amoureux peuvent de nouveau convoler en justes noces. Pour certains, c'est un soulagement après le - voire les - reports successifs de la grande fête, préparée de longue date, qu'ils s'étaient imaginée.

"On a reporté la mort dans l'âme"

Comme Clémentine*, une journaliste de 36 ans, qui a reporté à deux reprises la célébration. Tout remonte à l'été 2019 lorsque son conjoint la demande en mariage. La jeune femme est alors enceinte de leur deuxième enfant et le couple décide de fixer la date à l'année suivante, en septembre 2020, le temps d'émerger après la naissance du nouveau-né.

"Se marier, c'était surtout pour régulariser notre situation, notamment avec l'achat de notre appartement, explique Clémentine à BFMTV.com. C'était aussi pour nous l'occasion de faire une grande fête et de réunir tous nos amis et notre famille."

Mais entre-temps, il y a la pandémie de Covid, le premier confinement et la perspective d'une deuxième vague. Les EVJF et EVG (enterrements de vie de jeune fille et de garçon) ont lieu comme prévu durant l'été et le couple reste confiant, n'imaginant pas que la pandémie perdure à la rentrée. Mais alors que la date du mariage approche, voilà qu'un cluster émerge en Mayenne, dans le département où le couple doit justement se marier. Ils hésitent et se demandent s'ils doivent annuler la fête.

"On s'est pris la tête alors qu'on voulait justement un mariage sans prise de tête. On se disait que les invités seraient mal à l'aise, que certains préféreraient ne pas faire le déplacement. Décemment, on ne pouvait pas leur demander de venir. Et puis, on n'allait pas réserver une salle pour 150 personnes pour être finalement beaucoup moins. On a reporté la mort dans l'âme."

"Certaines nuits, ça m'a empêchée de dormir"

Une nouvelle date est fixée au printemps suivant, soit le 19 juin prochain. "On n'a pas eu le choix, c'était la seule date pour la salle", précise Clémentine. Les invités sont prévenus mais le cœur n'y est plus vraiment et les préparatifs sont mis en pause.

"Ça nous a un peu refroidis, on n'en a plus trop parlé".

Au mois de mars dernier, Clémentine reprend tout de même contact avec le traiteur, qui se montre inquiet sur les jauges. Et voilà que le troisième confinement est décrété. Cette fois, Clémentine et son compagnon prennent les devants et anticipent déjà un second report. La salle leur propose une date fin août.

"On a tout de suite averti les invités de ce plan B. On s'est laissé le confinement pour réfléchir et voyant qu'il n'y avait pas de précisions sur le déconfinement, on a tranché. Mais j'en ai pleuré et certaines nuits, ça m'a empêchée de dormir. Je n'avais plus envie de me remettre là-dedans. On refaisait l'histoire et on se demandait si on avait bien fait, si on aurait tout de même dû maintenir."

En principe, la noce devrait donc se tenir à la fin de l'été. Il reste encore au couple à dresser les plans de table, trouver les alliances et les chaussures de la mariée. Clémentine se veut toutefois optimiste.

"On se dit que les conditions sanitaires seront certainement plus optimales, qu'il y aura aussi moins de contraintes et davantage de personnes vaccinées. Mais bon, il a fallu encaisser le coup. En principe, un mariage, c'est quelque chose de sacré, c'est gravé dans le marbre et ça ne s'annule pas."

Deux fois trois reports

Des jauges restent pour le moment en vigueur. Jusqu'au 9 juin, le nombre de convives demeure limité à 35% de la capacité d'accueil du lieu de réception, en intérieur comme en extérieur. Puis à partir de cette date, la jauge pour les invités passera à 50% en intérieur et à 65% en extérieur. Si le couvre-feu passera de 21 heures à 23 heures, il pourrait être levé, comme les autres restrictions, à la fin du mois.

Pour Bernard*, un retraité de 69 ans, cela fait maintenant trois ans qu'il a la tête dans les préparatifs de mariage et qu'il organise, annule, reporte et réorganise les noces de ses deux filles. Car elles devaient toutes les deux se marier avant la pandémie. Et ont toutes les deux reporté à trois reprises. "Ça plombe un peu", témoigne-t-il pour BFMTV.com, lui qui nous avait déjà confié avoir "le cœur gros" après les premières annulations. Finalement, les deux fêtes - les mariages civils se sont tenus à l'automne dans l'intimité - devraient se tenir cet été. Mais à quelques jours d'intervalle l'une de l'autre.

"Pour le mariage de l'aînée, ce sera à Bordeaux. Puis douze jours après, en pleine semaine, celui de la cadette dans le Béarn. En plein été, à la dernière minute, ça tombe mal, il y a peu de disponibilités. Certains invités nous ont déjà prévenu qu'ils ne pourraient pas être là, leurs vacances étant organisées. D'autres sont à l'étranger et ne pourront pas venir pour cause de quatorzaine, comme ma sœur au Royaume-Uni. Et puis il y a eu des décès. On a eu la totale."

Sans compter que du côté des mariages, il y a embouteillage. L'une de ses filles est invitée, le jour même de son propre mariage, à celui de l'une de ses témoins, au Portugal. Mais à l'exception d'une esthéticienne, qui a plié boutique pendant la crise, et d'un prêtre, mobilisé pour un baptême, les futures mariées n'ont pas perdu de prestataires en cours de route. Pas question pour elles de reporter une quatrième fois.

"Si les fêtes ne peuvent pas se tenir, on fera ça chez nous, dans le jardin, avec ceux qui peuvent être présents."

Mais Bernard garde la foi. "On avance, on ne regarde plus les ennuis. Mais mes filles me disent déjà, et c'est ce qui me fait le plus de peine, qu'après ça, elles ne voudront plus en entendre parler."

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https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV