Une manifestation anti-mariage gay dégénère

Des militantes du mouvement féministe Femen, lors de leur altercation avec les manifestants anti mariage homo - -
Deuxième mobilisation contre l’ouverture du mariage aux homosexuels en deux jours. Dimanche, 9 000 à 16 000 personnes selon les sources ont manifesté à l’appel de l’Institut Civitas, proche des catholiques intégristes. Plus que la question du mariage, le problème est plus vaste selon de nombreux militants sur place rencontrés par RMC, comme Louis Marie. « C’est de la déviance. Personne ici ne veut de mal aux personnes homosexuelles, mais personne ici ne considère que c’est normal, c’est clairement contre nature », estime ce militant.
« Ça s’appelle casser du pédé »
Les associations catholiques et d'extrême droite avaient affrété une soixantaine de cars venues de toute la France, mais ils ont trouvé sur leur chemin des militantes du mouvement féministe Femen. Plusieurs journalistes présents ont assisté à la scène, avant d’être eux-mêmes pris à parti. C’est le cas de la journaliste et militante Caroline Fourest, sur les lieux. « Les Femen avaient décidé de faire une manifestation, elles sont arrivées avec des coiffes de bonnes sœur. Plusieurs dizaines de gros bras, mais pas seulement, se ruent sur elles et les passent à tabac, raconte-t-elle. Ensuite, ils se sont retournées vers les journalistes qui filmaient, dont j’étais. Ils m’ont reconnu, coursé en criant des insultes sexistes et homophobes. Ça s’appelle casser du pédé, en l’occurrence casser de la lesbienne. Ils sont visiblement en train de renouer avec la violence qui les caractérisait dans les années 80. Je n’ai pas vu d’énergie aussi barbare depuis très longtemps ».
« Une continuité entre des propos virulents et ces débordements »
Pour le sociologue Eric Fassin, spécialiste des questions d'homophobie, cette agressivité n’est que la continuité d’un climat qui se développe autour de la question du mariage pour tous. « On reconnaît l’homophobie lorsqu’elle devient violente, alors qu’en réalité, il y a une continuité entre des propos extrêmement virulents, qui ont pu être tenus par des gens par ailleurs extrêmement respectables comme le cardinal Barbarin qui parlait de polygamie et d’inceste, et aujourd’hui, des débordements. Ceux qui nous disent qu’il en va de la civilisation, qui nous parlent de toutes sortes de menaces, et bien ils en voient aujourd’hui les conséquences dans la rue », estime le chercheur.
Après la manifestation, plusieurs personnalités ont réclamé l'interdiction de l'institut Civitas et du GUD, groupuscule d'extrême droite lui aussi mobilisé lors de la manifestation.