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Manifestations

Notre-Dame-des-Landes : manif sous haute-tension samedi

José Bové et Eva Joly démontent une cloison d'une maison vouée à la destruction, sur le site du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique)

José Bové et Eva Joly démontent une cloison d'une maison vouée à la destruction, sur le site du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) - -

Des milliers de manifestants sont attendus samedi sur le site de Notre-Dame-des-Landes, contre le projet de nouvel aéroport de Nantes cher à Jean-Marc Ayrault. La manifestation sera conviviale, assure les organisateurs. Vendredi, des élus Verts ont mené une opération d'occupation sur les lieux.

Ce doit être le point d’orgue de plusieurs mois de manifestations et d’oppositions. Des milliers de personnes, dont quelques « stars » de la gauche, doivent se réunir samedi à Notre-Dame-des-Landes, sur le site prévu pour accueillir le futur aéroport de Nantes (Loire-Atlantique). Ce projet, cher à l’ancien maire de Nantes Jean-Marc Ayrault, cristallise les tensions à gauche et devient un vrai boulet pour le 1er ministre.
Le leader du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé, les eurodéputés José Bové (EELV) et Jean-Luc Bennahmias (Modem), ont annoncé leur participation à la manifestation, qui commencera à 11H00 sur le site. Dès vendredi, les leaders écologistes, accompagnés d’une cinquantaine de militants, étaient sur place pour une action « surprise ».

« Un acte de résistance de la part d'élus de la République »

Équipés de tournevis et d'un pied-de-biche, l'eurodéputé José Bové et l'ancienne candidate à la présidentielle Eva Joly ont retiré, en présence du sénateur Jean-Vincent Placé, des cloisons obstruant le bâtiment blanc voué à la destruction par le groupe Vinci, maître d'œuvre du projet. « C'est un acte illégal parce qu'on ouvre un bâtiment qui appartient à Vinci mais c'est un acte légitime parce que nous sommes en plein hiver, qu'il y a des millions de personnes dans la rue que donc on respecte la loi sur les réquisitions », a commenté José Bové. « C'est un acte de résistance de la part d'élus de la République », a ajouté cet ancien militant du Larzac, en promettant « la création de comités de soutien dans toute la France et d'autres actions jusqu'à l'abandon du projet ». Dénonçant « une erreur économique et écologique », Eva Joly a appelé le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes et promoteur du projet, à « sortir par le haut » et à « comprendre que le projet qu'il a soutenu comme élu local, il ne doit plus le soutenir comme Premier ministre de la France ».

Un vigile agressé par des opposants

Les organisateurs de la manifestation de samedi ont assuré, mercredi, que celle-ci serait « conviviale, familiale, solidaire ». Une mise au point après l'agression la veille d'un vigile chargé de surveiller une maison près du site. Ce dernier a été battu par une vingtaine de personnes et sa voiture a été brûlée. Les organisateurs ont désavoué cette agression, qui illustre toutefois la tension croissante sur les lieux depuis plusieurs semaines.
Sur cette Zone d'aménagement différé (ZAD) de quelque 1 600 ha réservés pour le futur aéroport, rebaptisée « Zone à défendre » par les opposants, engins de chantier et forces de l'ordre interviennent depuis mi-octobre pour déloger les squatteurs et détruire les bâtisses et cabanes occupées, préalable au début des travaux prévu en 2013.
Barrages, barricades, gaz lacrymogènes et cocktails molotov: les abords de Notre-Dame-des-Landes sont ainsi devenus, certains jours, le théâtre d'une véritable « guérilla bocagère » opposant parfois 500 CRS et gendarmes à 150 adversaires du projet.

Hollande soutient le projet et souhaite que « la manifestation se passe bien »

A gauche, le PS, qui tient les principales collectivités locales, apparaît de plus en plus isolé. Quant au Premier ministre, l'un des principaux promoteurs du projet, il est, lors des manifestations, une cible privilégiée de slogans comme « Non à l'Ayraultport » ou « Ayrault atterris ! ». Vendredi soir, François Hollande a soutenu le projet, tout en espérant que « la manifestation se passe bien », dans le « respect des uns comme des autres », et que « ensuite, au-delà des procédures qui peuvent être engagées, cet investissement puisse être fait ».
Pour les opposants - agriculteurs et propriétaires qui refusent l'expropriation, jeunes occupants anti-capitalistes, responsables politiques - le projet, qui remonte aux années 60, et confié au groupe Vinci, est « une aberration économique » et un « non-sens écologique », destructeur de terres agricoles. En outre, selon eux, l'actuel aéroport, destiné à être remplacé par Notre-Dame-des-Landes en 2017, est loin d'être saturé. Au moins quatre autres aéroports importants existent déjà en Bretagne et Pays de la Loire.
A l'inverse, ses partisans défendent une infrastructure à dimension internationale indispensable au « développement économique » du Grand Ouest et le risque de saturation de l'aéroport existant. « C'est la garantie du développement économique car nos régions sont loin des centres de décision européens », souligne l'Association citoyenne pour la réalisation d'un aéroport sur le site de Notre-Dame-des-Landes (Acipran). « Si ça ne se faisait pas, c'est dans trente ans que l'aéroport serait complètement saturé et on s'en mordrait les doigts », selon un autre membre de l'Acipran, François de la Tullaye.

Retrouvez ci-dessous les images du nouveau «fait d'arme » de José Bové

P. Gril avec agences