Manif Pro-Gaza interdite: recours devant le Conseil d'Etat, appel à manifester

La manifestation de soutien à Gaza de samedi a été interdite (illustration) - -
Après-midi à haut risque samedi à Paris où la préfecture, rappelant les graves violences lors d'un précédent rassemblement, a interdit une manifestation propalestinienne, dont les organisateurs appellent à braver l'interdiction.
Plusieurs des mouvements appelant à la manif - Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Parti des indigènes de la République, Union juive française pour la paix - vont tenter d'obtenir en urgence devant le conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative du pays, la levée de cette interdiction. Une audience en appel est prévue à 11h30, après que le tribunal administratif de Paris a confirmé vendredi soir l'interdiction, et la décision doit être rendue avant le début annoncé du rassemblement.
La préfecture de police estime que le rassemblement, prévu à 15h00 place de la République, présente les mêmes risques de violences que celles ayant marqué une précédente manifestation interdite le 19 juillet dans le quartier populaire de Barbès. Le ministre de l'Intérieur lui-même en avait appelé vendredi aux organisateurs, leur enjoignant de "renoncer à la manifestation", qui présenterait "de sérieux risques de troubles à l'ordre public et des risques d'affrontements".
Parcours jugé à risque
Il s'est vu opposer une fin de non recevoir, le NPA appelant "l'ensemble des forces démocratiques, politiques, syndicales et associatives à s'élever contre cette interdiction et à converger place de la République (...) à 15h, aux côtés de toutes celles et tous ceux qui sont légitimement révoltés par l'agression israélienne et souhaitent exprimer leur solidarité avec les Palestiniens". Et d'avertir que "le gouvernement (...) sera comptable de tout éventuel incident".
Les organisateurs arguent en effet que c'est précisément l'interdiction qui risque de causer des violences et qu'il faut au contraire permettre une protestation "encadrée", soulignant qu'une manifestation autorisée avait rassemblé sans incidents mercredi à Paris au moins 14.500 personnes.
Les pouvoirs publics rétorquent que le parcours proposé passe trop près de "lieux de culte", en clair de synagogues qui pourraient être la cible de casseurs antisémites, et que le service d'ordre n'est pas assez étoffé. Les organisateurs affirment que le parcours est négociable.
Forces de l'ordre: "consignes de fermeté"
Selon des sources policières, les forces de l'ordre ont mobilisé plus de 1.200 hommes et reçu des "consignes de fermeté" pour intervenir "très rapidement et interpeller" en cas de non-respect de l'interdiction de manifester ou de "slogans ou manifestations antisémites".
Les ONG Amnesty international et Human Rights Watch se sont toutes deux inquiétées des restrictions à la "liberté de réunion".
L'offensive israélienne à Gaza, qui en est à son 19e jour, a déjà fait plus de 890 morts côté palestinien et 39 côté israélien. Un cessez-le-feu de 12 heures est entré en vigueur samedi après d'intenses efforts d'acteurs internationaux qui se retrouvaient samedi à Paris pour tenter d'obtenir une trêve durable.