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Manifestations

Les intermittents poursuivent leur mouvement à Paris et investissent la province

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Le mouvement des intermittents du spectacle s'amplifie. Alors que le théâtre de l'Odéon, occupé depuis dimanche, et la Comédie Française, ont dû annuler leurs représentations ce mardi soir, l'occupation gagne la province, où cinq autres salles ont été ciblées.

Mardi soir, une cinquantaine de personnes (intermittents, étudiants et participants au mouvement Nuit Debout) ont investi la Comédie Française, entraînant l'annulation de la représentation programmée, "Lucrèce Borgia". Un peu plus tôt, c'est celle de "Phèdre(s)" avec Isabelle Huppert qui avait été annulée au Théâtre de l'Odéon, occupé depuis dimanche.

"A l'initiative de plusieurs organisations et de la coordination nationale des intermittents du spectacle, un appel à manifester mardi 26 avril devant l'Odéon et à perturber la représentation de Phèdre(s), a été lancé", a indiqué la direction de l'Odéon pour justifier l'annulation du spectacle, ce que contestent les intermittents.

"Nous avons demandé à prendre la parole avant le début de la représentation, mais cela nous a été refusé", ont de leur côté fait savoir les intermittents, qui contestaient avoir lancé un appel à perturber la représentation. Le Théâtre de l’Odéon a démenti de son côté avoir refusé de donner la parole aux intermittents au début de la représentation.

5 théâtres de province également occupés

Les manifestants ont également investi cinq théâtres en province. A Strasbourg, ils se sont réunis en assemblée générale dans une salle du Théâtre national et ont voté une occupation symbolique, sans impact sur les deux représentations qui avaient lieu le soir même. Même situation à Bordeaux, où le théâtre national Bordeaux-Aquitaine (TnBA) était occupé ce mercredi, mais sans blocage, les représentations ayant eu lieu normalement mardi soir.

En Normandie, la Comédie de Caen avait mis à disposition des intermittents depuis une semaine au petit Théâtre des Cordes, où il n'y a actuellement pas de spectacle à l'affiche. A Lille, le Théâtre du Nord était occupé ce mercredi et un message des intermittents était lu avant chaque représentation. Une mobilisation a également été constatée devant le centre dramatique nationale de Montpellier sans perturbations notables.

Négociations autour du régime d'assurance-chômage

Après l'échec lundi soir des négociations sur le régime d'assurance-chômage du spectacle, la Coordination des intermittents et précaires (CIP) a fait part mardi de sa détermination à poursuivre l'occupation du théâtre de l'Odéon, à Paris, jusqu'à la reprise des discussions ce mercredi après-midi, la veille d'une journée nationale de mobilisation contre le projet de loi réformant le droit du travail.

"Il nous manque encore deux choses pour parvenir à un accord. D'abord des éléments chiffrés qui nous permettront de savoir qui est touché par telle ou telle mesure, positivement ou négativement", a précisé la CGT-Spectacle. En cas de nouvel échec de la négociation, la CGT a déposé un préavis de grève reconductible, à compter de jeudi.

Des conditions "inacceptables"

Les artistes et techniciens du spectacle bénéficient de règles spécifiques d'indemnisation du chômage, maintes fois critiquées pour leur coût. Le déficit de ce régime atteint environ un milliard d'euros chaque année, soit environ un quart du déficit général.

Un cadrage financier, proposé le 24 mars par la partie patronale et signé par la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC (syndicats minoritaires dans le spectacle) impose un effort global de 185 millions d'euros d'économies en année pleine d'ici à 2018 aux intermittents, mais suggère que l'État en compense une partie, à hauteur de 80 millions.

Des conditions jugées "inacceptables" par la CGT et la Coordination des Intermittents et précaires (CIP) qui font planer la menace de perturber les prochains festivals.

P. P. avec AFP