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Société

Maïs transgénique MON 810 : après l'autorisation, ils rêvent de l'utiliser

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Si 80% des Français rejettent les OGM, certains agriculteurs aimeraient profiter de la levée de l'interdiction par le Conseil d’État du maïs transgénique MON 810, dont ils ne voient que des avantages. Lucides, ils savent toutefois que le chemin est encore long.

Ils sont peu nombreux, ceux qui se réjouissent de l’annulation, jeudi par le Conseil d’Etat, de l’interdiction de cultiver du maïs transgénique MON 810 en France. Selon le Conseil d’Etat l'interdiction décidée il y a 18 mois par le gouvernement Fillon n’a aucun fondement juridique au regard du droit européen. Mais le gouvernement ne l’entend pas de cette oreille, et a déjà promis une nouvelle interdiction de cet OGM avant les prochains semis, l’an prochain. Le gouvernement a l’appui de l’opinion, puisque 80% des Français sont contre leur culture.

Le rêve d’un maïs « qui résiste à la sécheresse »

Et pourtant, à contre-courant, certains aimeraient cultiver du maïs transgénique, auquel il ne trouve que des avantages. C’est le cas de Daniel Peyraube, agriculteur à Castaignos-Souslens, un petit village des Landes : « Moi je suis dans une région des Landes où on n'a pas accès à l'eau pour l'irrigation. Nous sommes en train de vivre une période très chaude en ce moment après une période très humide, et nos plantes sont en train de se dessécher. Moi, je fonde un espoir important sur la culture de maïs OGM, avec un maïs qui résiste à la sécheresse et qui optimise les sols, pour qu'on n'ait pas besoin d'apporter d'engrais. Ce sont des choses qui existent aux Etats-Unis où les OGM sont très développés ».

« Pour semer encore faut-il avoir des semences »

Luc Esprit, directeur général de l'Association générale des producteurs de maïs, en rêve de ces OGM. C'est lui, entre autre, qui a déposé le recours devant le Conseil d'Etat. Et malgré l’issue favorable, il ne se fait pas d’illusion : « A cet instant le maïs OGM MON810 est autorisé à la production, mais je ne connais pas de producteur qui vont semer du maïs au 1er août. Et pour semer encore faut-il avoir des semences. Car la société Monsanto, plutôt que de se battre contre des moulins à vent, se dit : "les essais sont dévastés, la recherche n'existe plus, il n'y a pas de volonté politique. Tant pis". Donc Monsanto a indiqué qu'il n'était pas question de commercialiser ce maïs OGM en Europe ».

Philippe Gril avec Matthieu Moulin